Vladimir I. Lénine |
27 avril 1920 |
Source : [Nous reproduisons ce texte avec l’accord du responsable du site 321ignition.free.fr] |
[…]
10. Quelques conclusions
[…]
L’essentiel aujourd’hui est que les communistes de chaque pays prennent bien conscience, d’une part, des objectifs fondamentaux ‑ objectifs de principe ‑ de la lutte contre l’opportunisme et le doctrinarisme "de gauche", et de l’autre, des particularités concrètes que cette lutte revêt et doit inévitablement revêtir dans chaque pays, conformément aux caractères spécifiques de son économie, de sa politique, de sa culture, de sa composition nationale (Irlande, etc.), de ses colonies, de ses divisions religieuses, etc., etc. On sent partout s’élargir et grandir le mécontentement contre la IIe Internationale, tant à cause de son opportunisme que de son inaptitude ou de son incapacité à créer un organisme véritablement centralisé, un véritable centre dirigeant propre à orienter la tactique internationale du prolétariat révolutionnaire dans sa lutte pour la république soviétique universelle. Il faut bien se rendre compte qu’un pareil centre de direction ne peut, en aucun cas, bâtir son activité sur le stéréotypage, le nivellement mécanique, l’identification des règles tactiques de lutte. Aussi longtemps que des distinctions nationales et politiques existent entre les peuples et les pays, ‑ distinctions qui subsisteront longtemps, très longtemps, même après l’établissement de la dictature du prolétariat à l’échelle mondiale, ‑ l’unité de tactique internationale du mouvement ouvrier communiste de tous les pays veut, non pas l’effacement de toute diversité, non pas la suppression des distinctions nationales (à l’heure actuelle c’est un rêve insensé), mais une application des principes fondamentaux du communisme (pouvoir des Soviets et dictature du prolétariat), qui modifie correctement ces principes dans les questions de détail, les adapte et les ajuste comme il convient aux particularités nationales et politiques. Rechercher, étudier, découvrir, deviner, saisir ce qu’il y a de particulièrement national, de spécifiquement national dans la manière concrète dont chaque pays aborde la solution du problème international, le même pour tous: vaincre l’opportunisme et le dogmatisme de gauche au sein du mouvement ouvrier, renverser la bourgeoisie, instaurer la République des Soviets et la dictature du prolétariat, telle est, au moment historique que nous traversons, la principale tâche assignée à tous les pays avancés (et pas seulement avancés). L’essentiel ‑ pas tout évidemment, tant s’en faut, mais cependant l’essentiel ‑ est déjà fait pour attirer l’avant-garde de la classe ouvrière et la faire passer du côté du pouvoir des Soviets contre le parlementarisme, du côté de la dictature du prolétariat contre la démocratie bourgeoise. Il faut concentrer maintenant toutes les forces, toute l’attention sur l’étape suivante qui semble être, et est réellement, à un certain point de vue, moins fondamentale, mais cependant plus proche de la solution pratique du problème, à savoir: la recherche des formes pour passer à la révolution prolétarienne ou l’aborder.
L’avant-garde prolétarienne est conquise idéologiquement. C’est le principal. Autrement, faire même un premier pas vers la victoire serait impossible. Mais de là à la victoire, il y a encore assez loin. On ne peut vaincre avec l’avant-garde seule. Jeter l’avant-garde seule dans la bataille décisive, tant que la classe tout entière, tant que les grandes masses n’ont pas pris soit une attitude d’appui direct à l’avant-garde, soit tout au moins de neutralité bienveillante, qui les rende complètement incapables de soutenir son adversaire, ce serait une sottise, et même un crime. Or, pour que vraiment la classe tout entière, pour que vraiment les grandes masses de travailleurs et d’opprimés du Capital en arrivent à une telle position, la propagande seule, l’agitation seule ne suffisent pas. Pour cela, il faut que ces masses fassent leur propre expérience politique. Telle est la loi fondamentale de toutes les grandes révolutions, loi confirmée maintenant avec une force et un relief frappants, non seulement par la Russie, mais aussi par l’Allemagne. Ce ne sont pas seulement les masses ignorantes, souvent illettrées, de Russie, ce sont aussi les masses d’Allemagne, hautement cultivées, sans un seul analphabète, qui ont dû éprouver à leurs dépens toute la faiblesse, toute la veulerie, toute l’impuissance, toute la servilité devant la bourgeoisie, toute la lâcheté du gouvernement des paladins de la IIe Internationale, le caractère inévitable de la dictature des ultra-réactionnaires (Kornilov[2] en Russie, Kapp[3] et consorts en Allemagne), seule alternative en face de la dictature du prolétariat, pour se tourner résolument vers le communisme.
L’objectif immédiat de l’avant-garde consciente du mouvement ouvrier international, c’est-à-dire des partis, groupes et tendances communistes, c’est de savoir amener les larges masses (encore somnolentes, apathiques, routinières, inertes, engourdies, dans la plupart des cas) à cette position nouvelle ou plutôt de savoir conduire non seulement son parti, mais aussi les masses en train d’arriver, de passer à cette nouvelle position. Si le premier objectif historique (attirer l’avant-garde consciente du prolétariat aux côtés du pouvoir des Soviets et de la dictature de la classe ouvrière) ne pouvait être atteint sans une victoire complète, idéologique et politique, sur l’opportunisme et le social-chauvinisme, le second objectif qui devient d’actualité et qui consiste à savoir amener les masses à cette position nouvelle, propre à assurer la victoire de l’avant-garde dans la révolution, cet objectif actuel ne peut être atteint sans liquidation du doctrinarisme de gauche, sans réfutation décisive et élimination complète de ses erreurs.
Tant qu’il s’agissait (et dans la mesure où il s’agit encore) de rallier au communisme l’avant-garde du prolétariat, la propagande s’est située au premier plan; même les petits cercles de propagande sont utiles et féconds en dépit des défauts qui leur sont inhérents. Mais quand il s’agit de l’action pratique des masses, de la distribution ‑ s’il m’est permis de m’exprimer ainsi ‑ d’armées fortes de millions d’hommes, de la répartition de toutes les forces de classe d’une société donnée en vue du combat final et décisif, on ne fera rien avec les seules méthodes de propagande, avec la seule répétition des vérités du communisme "pur". Il ne faut pas compter ici par milliers, comme le fait en somme le propagandiste, membre d’un groupe restreint et qui n’a pas encore dirigé les masses; il faut compter ici par millions et par dizaines de millions. Il ne suffit pas de se demander si l’on a convaincu l’avant-garde de la classe révolutionnaire; il faut encore savoir si les forces historiquement agissantes de toutes les classes, absolument de toutes les classes sans exception, d’une société donnée, sont disposées de façon que la bataille décisive soit parfaitement à point, ‑ de façon 1° que toutes les forces de classe qui nous sont hostiles soient suffisamment en difficulté, se soient suffisamment entre-déchirées, soient suffisamment affaiblies par une lutte au-dessus de leurs moyens; 2° que tous les éléments intermédiaires, hésitants, chancelants, inconstants ‑ la petite bourgeoisie, la démocratie petite-bourgeoise par opposition à la bourgeoisie ‑ se soient suffisamment démasqués aux yeux du peuple, suffisamment déshonorés par leur faillite pratique; 3° qu’au sein du prolétariat un puissant mouvement d’opinion se fasse jour en faveur de l’action la plus décisive, la plus résolument hardie et révolutionnaire contre la bourgeoisie. C’est alors que la révolution est mûre; c’est alors que, si nous avons bien tenu compte de toutes les conditions indiquées, sommairement esquissées plus haut, et si nous avons bien choisi le moment, notre victoire est assurée.
Les divergences de vues entre les Churchill[4] et les Lloyd George[5] d’une part, ‑ ces types d’hommes politiques existent dans tous les pays, sauf des différences nationales insignifiantes, ‑ et puis entre les Henderson[6] et les Lloyd George d’autre part, sont dérisoires et absolument dénuées d’importance du point de vue du communisme pur, c’est-à-dire abstrait, c’est-à-dire qui n’est pas assez mûr pour une action de masse, politique et pratique. Mais du point de vue de cette action pratique des masses, ces différences sont d’une importance extrême. Pour un communiste qui veut être non seulement un propagandiste conscient, convaincu, théoriquement averti, mais un guide pratique pour les masses dans la révolution, c’est un point capital que de tenir compte de ces différences, de savoir déterminer le moment où seront arrivés à pleine maturité les conflits inévitables entre ces "amis", conflits qui affaiblissent et débilitent tous ces "amis" pris ensemble. Le plus strict dévouement aux idées du communisme doit s’allier à l’art de consentir tous les indispensables compromis pratiques, louvoiements, zigzags, manœuvres de conciliation et de retraite, etc., afin de hâter l’avènement et puis l’usure du pouvoir politique des Henderson (héros de la IIe Internationale, pour ne pas désigner nommément ces représentants de la démocratie petite-bourgeoise qui se disent socialistes); afin de hâter pratiquement leur inévitable faillite, qui éclairera les masses justement dans l’esprit qui est le nôtre, justement dans le sens du communisme; afin de hâter les inévitables frictions, querelles, conflits, le complet divorce entre les Henderson, les Lloyd George, les Churchill (entre mencheviks et socialistes-révolutionnaires, cadets et monarchistes; entre les Scheidemann[7], la bourgeoisie et les affidés de Kapp, etc.); et afin de choisir de façon judicieuse le moment où la dislocation sera la plus grande entre tous ces "soutiens de la sacro-sainte propriété privée", pour les battre tous par une attaque décisive du prolétariat et conquérir le pouvoir politique.
L’histoire en général, et plus particulièrement l’histoire des révolutions, est toujours plus riche de contenu, plus variée, plus multiforme, plus vivante, "plus ingénieuse" que ne le pensent les meilleurs partis, les avant-gardes les plus conscientes des classes les plus avancées. Et cela se conçoit, puisque les meilleures avant-gardes expriment la conscience, la volonté, la passion, l’imagination de dizaines de mille hommes, tandis que la révolution est, ‑ en des moments d’exaltation et de tension particulières de toutes les facultés humaines, ‑ l’oeuvre de la conscience, de la volonté, de la passion, de l’imagination de dizaines de millions d’hommes aiguillonnés par la plus âpre lutte des classes. De là deux conclusions pratiques d’une grande importance: la première, c’est que la classe révolutionnaire, pour remplir sa tâche, doit savoir prendre possession de toutes les formes et de tous les côtés, sans la moindre exception, de l’activité sociale (quitte à compléter, après la conquête du pouvoir politique et parfois au prix d’un grand risque et d’un danger énorme, ce qu’elle n’aura pas terminé avant cette conquête); la seconde, c’est que la classe révolutionnaire doit se tenir prête à remplacer vite et brusquement une forme par une autre.
On conviendra qu’elle serait déraisonnable ou même criminelle, la conduite d’une armée qui n’apprendrait pas à manier toutes les armes, tous les moyens et procédés de lutte dont dispose ou dont peut disposer l’ennemi. Or cette vérité s’applique mieux encore à la politique qu’à l’art militaire. On peut moins encore prévoir en politique quel moyen de lutte se révélera, dans telles ou telles situations futures, praticable ou avantageux pour nous. Ne pas savoir user de tous les moyens de lutte, c’est risquer une grande défaite, —parfois même décisive, — pour peu que des changements indépendants de notre volonté, survenus dans la situation des autres classes, mettent à l’ordre du jour une forme d’action où nous serions particulièrement faibles. Si nous savons user de tous les moyens de lutte, nous triomphons à coup sûr, puisque nous traduisons les intérêts de la classe réellement avancée, réellement révolutionnaire, même si les circonstances ne nous permettent pas de faire usage de l’arme la plus dangereuse pour l’ennemi, de celle qui porte le plus vite des coups mortels. Les révolutionnaires sans expérience pensent souvent que les moyens de lutte légaux sont entachés d’opportunisme, car c’est sur ce terrain que la bourgeoisie a le plus souvent (surtout en des temps "pacifiques", non révolutionnaires) trompé et mystifié les ouvriers; et que les moyens de lutte illégaux sont révolutionnaires. Mais c’est faux. Ce qui est vrai, c’est que sont opportunistes et traîtres à la classe ouvrière les partis et les chefs qui ne savent pas ou ne veulent pas (ne dis pas: je ne peux pas, dis: je ne veux pas) user des moyens de lutte illégaux dans une situation comme, par exemple, celle de la guerre impérialiste de 1914‑1918, où la bourgeoisie des pays démocratiques les plus libres trompait les ouvriers avec un cynisme et une frénésie sans nom, en interdisant de dire la vérité sur le caractère spoliateur de la guerre. Mais les révolutionnaires qui ne savent pas allier aux formes illégales de lutte toutes les formes légales sont de bien mauvais révolutionnaires. Il n’est pas difficile d’être un révolutionnaire quand la révolution a éclaté déjà et bat son plein; quand tout un chacun s’y rallie par simple engouement, pour suivre la mode, parfois même pour faire carrière. Sa "libération" de ces piètres révolutionnaires, le prolétariat doit la payer plus tard, après sa victoire, par des efforts inouïs, par un martyre douloureux, pourrait-on dire. Il est beaucoup plus difficile ‑ et beaucoup plus précieux ‑ de se montrer révolutionnaire quand la situation ne permet pas encore la lutte directe, déclarée, véritablement massive, véritablement révolutionnaire, de savoir défendre les intérêts de la révolution (par la propagande, par l’agitation, par l’organisation) dans des institutions non révolutionnaires, voire nettement réactionnaires, dans une ambiance non révolutionnaire, parmi des masses incapables de comprendre tout de suite la nécessité d’une méthode d’action révolutionnaire. Savoir trouver, pressentir, déterminer exactement la voie concrète ou le tour spécial des événements, qui conduira les masses vers la grande lutte révolutionnaire véritable, décisive et finale: tel est le principal objet du communisme actuel en Europe occidentale et en Amérique.
[…]
Ce qui est advenu à des marxistes d’une aussi haute érudition, à des chefs de la IIe Internationale aussi dévoués au socialisme que Kautsky, Otto Bauer et autres, pourrait (et devrait) être une utile leçon. Ils comprenaient parfaitement la nécessité d’une tactique souple; ils avaient appris eux-mêmes et ils enseignaient aux autres la dialectique marxiste (et beaucoup de ce qui a été fait par eux dans ce domaine restera à jamais parmi les acquisitions précieuses de la littérature socialiste); mais au moment d’appliquer cette dialectique, ils commirent une erreur si grande, ou se révélèrent pratiquement de tels non-dialecticiens, des hommes tellement incapable d’escompter les prompts changements de forme et la rapide entrée d’un contenu nouveau dans les formes anciennes, que leur sort n’est guère plus enviable que celui de Hyndman[8], de Guesde et de Plékhanov. La cause essentielle de leur faillite, c’est qu’ils se sont laissé "hypnotiser" par une seule des formes de croissance du mouvement ouvrier et du socialisme, forme dont ils ont oublié le caractère limité; ils ont eu peur de voir le bouleversement rendu inévitable par les conditions objectives, et ils ont continué à répéter des vérités élémentaires, apprises par cœur, aussi indiscutables à première vue que: trois c’est plus que deux. Or, la politique ressemble plus à l’algèbre qu’à l’arithmétique, et encore plus aux mathématiques supérieures qu’aux mathématiques élémentaires. En réalité, toutes les formes anciennes du mouvement socialiste se sont remplies d’une substance nouvelle; de ce fait un nouveau signe, le signe "moins", est apparu devant les chiffres, tandis que nos sages ont continué opiniâtrement (et continuent encore) à se persuader et à persuader les autres que "moins trois", c’est plus que "moins deux".
Tâchons que les communistes ne commettent pas la même erreur dans un autre sens, ou plutôt que cette même erreur, commise dans un autre sens par les communistes "de gauche", soit corrigée le plus vite et avec le moins de suites possibles pour l’organisme. Le doctrinarisme de gauche est aussi une erreur, pas seulement le doctrinarisme de droite. Évidemment, l’erreur représentée par le doctrinarisme de gauche dans le mouvement communiste est, à l’heure présente, mille fois moins dangereuse et moins grave que l’erreur représentée par le doctrinarisme de droite (c’est-à-dire le social-chauvinisme et le kautskisme); mais cela vient uniquement de ce que le communisme de gauche est une tendance de formation récente, qui ne fait que de naître. C’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle la maladie peut être, dans certaines conditions, facilement guérie, et il faut en entreprendre la guérison avec le maximum d’énergie.
Les formes anciennes ont éclaté, leur nouveau contenu ‑ contenu antiprolétarien, réactionnaire ‑ ayant atteint un développement démesuré. Notre activité (pour le pouvoir des Soviets, pour la dictature du prolétariat) a maintenant, au point de vue du développement du communisme international, un contenu si solide, si vigoureux, si puissant qu’il peut et doit se manifester sous n’importe quelle forme, nouvelle ou ancienne; il peut et doit changer, vaincre, se soumettre toutes les formes, anciennes aussi bien que nouvelles, ‑ non point pour s’accommoder des formes anciennes, mais pour savoir faire de toutes les formes, qu’elles soient anciennes ou nouvelles, un instrument de la victoire du communisme, victoire définitive et totale, décisive et sans retour.
Les communistes doivent appliquer tous leurs efforts pour orienter le mouvement ouvrier, et en général l’évolution sociale, par la voie la plus directe et la plus rapide, vers le triomphe universel du pouvoir des Soviets et vers la dictature du prolétariat. C’est là une vérité indiscutable. Mais il suffit de faire le moindre pas au-delà, ‑ un pas accompli, semble-t-il, dans la même direction, ‑ pour que cette vérité se change en erreur. Il n’est que de dire, comme les communistes de gauche d’Allemagne et d’Angleterre, que nous ne reconnaissons qu’une seule voie, la voie directe; que nous n’admettons ni louvoiements, ni accords, ni compromis, et ce sera tomber dans une erreur qui peut porter, qui partiellement a déjà porté et porte les plus graves préjudices au communisme. Le doctrinarisme de droite s’entête à n’admettre que les formes anciennes, il a fait complètement faillite, n’ayant pas remarqué le nouveau contenu. Le doctrinarisme de gauche s’obstine dans la négation absolue d’anciennes formes déterminées, sans voir que le nouveau contenu s’ouvre un chemin à travers toutes les formes possibles et imaginables; que notre devoir de communistes est de prendre possession de toutes ces formes, d’apprendre à les compléter aussi rapidement que possible l’une par l’autre, à les remplacer l’une par l’autre, à adapter notre tactique à tout changement qui n’aura pas été suscité par notre classe ou par nos efforts.
La révolution universelle est si puissamment stimulée et accélérée par les horreurs, les abominations, les turpitudes de la guerre impérialiste mondiale, par la situation sans issue qui en résulte; cette révolution se développe en étendue et en profondeur avec une si surprenante rapidité, avec une si riche diversité de formes qui se succèdent, avec une réfutation pratique si édifiante de tout ce qui est doctrinaire, qu’il y a toutes les raisons d’espérer la guérison prompte et définitive du mouvement communiste international atteint de cette maladie infantile qu’est le communisme "de gauche".
[fin du texte]
Notes
[1]. Sauf indication contraire, les annotations sont ajoutées par nous [321ignition].
[2]. Lavr Gueorguievitch Kornilov.
Kornilov est général de l’armée tsariste. Il organise une tentative de coup d’état réactionnaire en aout/septembre 1917. À la fin 1917 il forme une armée contre le régime des soviets, il est tué en février 1918.
[3]. L’article 160 du Traité de Versailles prescrit la réduction de l’armée allemande à 100 000 soldats de métier, et la dissolution des corps francs formés de volontaires. Pour atteindre ces limitations, à partir d’été 1919 environ 200 000 soldats de corps francs sont renvoyés. En particulier, sur ordre des puissances alliées vainqueurs doit être dissoute la brigade de marine de Hermann Ehrhardt. Le général le plus haut gradé de l’armée (dénommée à cette époque Reichswehr provisoire), Walther von Lüttwitz, refuse d’appliquer cette disposition. Le 13 mars 1920, à la tête de la brigade de marine d’Ehrhardt, qui est sous ses ordres, il occupe le quartier gouvernemental de Berlin et nomme Wolfgang Kapp, un fonctionnaire de l’administration prussienne, comme chancelier. Cependant les travailleurs réagissent par la grève générale et la résistance armée, de sorte qu’après quatre jours le putsch est mis en échec.
[4]. Winston Churchill.
En 1900, Churchill est élu au Parlement britannique dans les rangs des conservateurs, puis il rejoint le parti libéral en 1904. Dans le gouvernement libéral d’Herbert Henry Asquith, il est ministre du Commerce (1908), puis ministre de l’Intérieur (1910‑1911). Ultérieurement, dans le gouvernement de coalition de David Lloyd George, il occupe de 1917 à 1922 les fonctions de ministre des Munitions et de secrétaire à la Guerre. L’effondrement du parti libéral et du gouvernement de Lloyd George éloigne Churchill du Parlement de 1922 à 1924. Réélu en 1924, cette fois comme député conservateur, il devint chancelier de l’Échiquier du gouvernement de Stanley Baldwin (1924‑1929). Dans le contexte de la crise sociale déclenchée en 1926, il combat les syndicats.
[5]. Cf. notice historique: Labour Party ►.
[6]. Cf. notice historique: Labour Party ►.
[7]. Philippe Scheidemann.
En 1883 Scheidemann adhère au Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands (Parti ouvrier socialiste d’Allemagne, SAPD), qui en 1890 adopte le nom de Sozialdemokratische Partei Deutschlands (Parti social-démocrate d’Allemagne, SPD). En 1917 il devient membre du comité directeur du parti. En octobre 1918, il fait partie du premier gouvernement parlementaire dirigé par le prince Max von Baden. Après l’annonce de l’abdication de l’empereur Wilhelm II il démission de son poste en même temps que d’autres membres SPD du gouvernement. Du bâtiment de l’assemblée nationale [Reichstag], il proclame la "république allemande". 1918‑1919 il est membre du Conseil des mandatés du peuple. En février 1920 il constitue le premier gouvernement de la république, formé de SPD, Zentrum et Deutsche Demokratische Partei (Parti démocratique allemande, DDP); il démissionne cependant en juin parce qu’il juge inacceptables les conditions du Traité de Versailles.
[8]. Henry Hyndman.
En Grande Bretagne en 1881, Hyndman participe à la création de la Social Democratic Federation (Fédération social-démocrate, SDF). Cette organisation participe en 1900 à la constitution du Labour Representation Committee (Comité de représentation des travailleurs, LRC). Ultérieurement Hyndman quitte la SDF et forme le British Socialist Party (Parti socialiste britannique, BSP). Il soutient la participation de la Grande Bretagne à la guerre, ce qui conduit à une scission du BSP, Hyndman créant le Parti socialiste national (National Socialist Party).