Autriche 1918 – 1945 |
Le 7 mai 1919, un premier projet de traité a été remis aux six principaux représentants de la délégation allemande lors des négociations de paix de Versailles. Toutes les demandes de modification de la délégation allemande furent rejetées. Le 28 juin, les 26 puissances alliées et associées ainsi que l’Empire allemand signèrent le traité. Il entra en vigueur le 10 janvier 1920. Dans son article 231, le traité de Versailles attribuait au Reich allemand et à ses alliés la responsabilité exclusive du déclenchement de la 1re Guerre mondiale. Il prévoyait d’importantes cessions de territoires par l’Allemagne ou des occupations temporaires de territoires, l’internationalisation de fleuves allemands importants et le renoncement à toutes les colonies. Le Reich a ainsi perdu de manière permanente environ un septième de son ancien territoire et 10 % de sa population.
Le 10 septembre 1919, le chef de la délégation autrichienne, Karl Renner, dut signer le traité de paix avec 27 États à Saint-Germain-en-Laye, près de Paris. Le traité attribuait à l’Autriche et à ses alliés la responsabilité exclusive de la guerre. Il était interdit d’utiliser le nom d’Autriche allemande et le "Anschluss" à l’Allemagne était interdit, comme c’était déjà le cas dans le traité de Versailles. En outre, l’armée autrichienne fut limitée à 30.000 soldats professionnels et des paiements de réparation furent fixés pour réparer les dommages de guerre.
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De nouvelles délimitations de frontières.
Dès 1918, une nouvelle entité étatique a vu le jour avec l’État des Slovènes, des Croates et des Serbes, mais seulement pour une courte période (du 29 octobre au 1er décembre 1918). La même année, le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes[1] fut formé par fusion avec le Royaume de Serbie (rebaptisé Royaume de Yougoslavie en 1929). Ce royaume comprenait les anciens royaumes de Serbie et du Monténégro ainsi que les régions de Croatie-Slavonie, de Dalmatie, de Bosnie-Herzégovine, de Carniole et de Basse-Styrie, qui appartenaient auparavant à la monarchie des Habsbourg[2]. La frontière entre la Carinthie et cet État était encore disputée au début. Un référendum organisé en Carinthie le 10 octobre 1920 a confirmé l’appartenance à l’Autriche des territoires revendiqués par le Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes.
La République tchécoslovaque a été reconnue en droit international par les traités de Versailles, Saint-Germain-en-Laye et Trianon en 1919/1920. Avec environ 20 % de la superficie de l’ancienne monarchie, la Tchécoslovaquie était le plus grand des États successeurs.
Le nouvel État a été divisé en quatre pays : La Bohême avec pour capitale Prague, la Moravie et la Silésie avec pour capitale Brno, la Slovaquie avec pour capitale Bratislava et enfin l’Ukraine des Carpates avec pour capitale Oujhorod.
Sur le territoire de la partie autrichienne de la monarchie des Habsbourg, la Tchécoslovaquie s’est vu attribuer les pays historiques de Bohême et de Moravie ainsi qu’une grande partie de l’ancienne Silésie autrichienne – où des litiges territoriaux avec la Pologne ont éclaté à propos de la région de Teschen. Prague a également obtenu la cession de petits territoires de Basse-Autriche – il s’agissait de quelques communes autour de Feldsberg et d’une bande de terre à l’ouest de Gmünd – ainsi que de l’Allemagne (Hultschiner Ländchen). De la partie hongroise de l’empire, le République tchécoslovaque a intégré la Slovaquie et l’Ukraine des Carpates.
Avant 1918, environ 70 % des produits industriels de l’Autriche-Hongrie étaient fabriqués sur le seul territoire des Pays tchèques (sans la Slovaquie et l’Ukraine des Carpates).
La détermination des frontières de la Hongrie concernait également l’Autriche.
Jusqu’en 1918, la région de l’actuel Burgenland faisait partie de la partie hongroise de l’empire austro-hongrois. La population de cette région, composée principalement de paysans et de travailleurs migrants parlant allemand ou croate, était étroitement liée économiquement et socialement aux Länder voisins de Basse-Autriche et de Styrie. Le traité de paix de Saint-Germain-en-Laye du 10 septembre 1919 laissait entrevoir la remise à l’Autriche de la bande de territoire déjà officieusement appelée "Burgenland". Alors que la ratification de cette mesure était officiellement prévue pour le 28 aout 1921, des francs-tireurs hongrois tentèrent d’empêcher par la force des armes l’application de cette disposition. Après une médiation italienne, la Hongrie s’engagea le 13 octobre 1921 dans le "protocole de Venise" à céder le Burgenland. Un référendum sur Ödenburg (et 8 autres communes) en décembre 1921 s’est cependant soldé par une majorité en faveur du maintien dans le giron hongrois, ce qui a fait perdre Ödenburg au Burgenland, prévue comme capitale de ce Land. Au tournant de l’année 1921/1922, le Burgenland est devenu un "Land indépendant et égal en droits" de la République d’Autriche.
[1]. Serbo-croate : Kraljevina Srba, Hrvata i Slovenaca, serbe-cyrillique : Краљевина Срба, Хрвата и Словенаца, slovène : Kraljevina Srbov, Hrvatov in Slovencev, appelé familièrement Royaume SHS ou État SHS..
[2]. Le 4 juin 1920, le traité de Trianon a fixé les règles pour la Hongrie. Il stipulait que la Hongrie devait céder des parties de la Baranya ainsi que de la Batchka et du Banat ‑ la Voïvodine ‑ au Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes.