Autriche 1918 – 1945
Annotations historiques :
Hongrie 1914 – 1920

 

La 1er Guerre mondiale éclate le 28 juillet 1914.

François-Joseph, empereur d’Autriche et roi de Hongrie, meurt le 21 novembre 1916. Lui succède son petit-neveu, titré Charles Ier en Autriche et Charles IV en Hongrie.

Le 25 octobre, quelques personnalités de l’opposition politique, y compris des bourgeois radicaux et des sociaux-démocrates, forment un Conseil national dirigé par le comte Mihály Károlyi. Les 30-31 octobre survient une révolution bourgeoise à Budapest. Le commandant de la garnison de la capitale remet l’autorité au Conseil national. Un gouvernement est formé, approuvé par Joseph de Habsbourg, représentant du roi Charles.

L’État tchécoslovaque indépendant est proclamé à Prague le 28 octobre.

La guerre prend fin en novembre 1918. Au nom des "armées alliées" victorieuses (principalement les pays de la "Triple Entente" – France, Grande-Bretagne, Russie – et les USA), sont signés des armistices : celui de Salonique avec la Bulgarie (29 septembre), de Moudros avec la Turquie (30 octobre), de Padoue en Italie avec l’Autriche-Hongrie (3 novembre), de Rethondes (en forêt de Compiègne) avec l’Allemagne (11 novembre). Le 11 novembre également, le roi Charles abdique.

Le 13 novembre est signé la convention militaire de Belgrade avec la Hongrie. Elle fixe la ligne de démarcation du front sud. Dans le même temps ont lieu des négociations avec les représentants slovaques qui réclament la Haute-Hongrie, et avec les représentants roumains qui revendiquent la Transylvanie. Cependant en décembre, en lien avec des litiges concernant les frontières futures, les puissances de l’Entente autorisent les armées tchécoslovaques et roumaines à franchir les lignes de démarcation.

Le 16 novembre 1918 le roi Charles démissionne, la République de Hongrie est proclamée. Le 24 novembre se constitue le Parti communiste de Hongrie, avec à sa tête Béla Kun. Le 11 janvier 1919 Mihály Károlyi est proclamé président de la République démocratique hongroise avec Dénes Berinkey à la tête du gouvernement. Le 16 février est adopté la loi sur le partage des grandes propriétés terriennes, qui ordonne le partage des exploitations de plus de 150 hectares moyennant l’indemnisation des propriétaires.

La Conférence de paix réunie à Paris décide le 26 février 1919 de constituer une zone neutre à l’est de la Hongrie afin de séparer les troupes hongroises et roumaines. Cette zone comprend Debrecen, Békéscsaba, Hódmezővásárhely et Szeged, c’est-à-dire des villes entièrement hongroises. Le 20 mars le chef de la mission militaire de l’Entente remet à Karolyi une note exigeant un nouveau recul de 100 kilomètres de la ligne de démarcation. Le Premier ministre Berinkey démissionne. Károlyi hésite entre deux possibilités : un gouvernement de concentration et de résistance nationale ou un gouvernement social-démocrate s’appuyant sur les bolcheviques russes. Tandis que Károlyi hésite, les social-démocrates agissent. Le parti social-démocrate et le parti communiste fusionnent ce même jour. Ils proclamation la république des Conseils le lendemain, le 21 mars 1919.

Au long des mois d’avril-mai, les armées roumaines et tchécoslovaques avancent en Hongrie. Après quelques hésitations la conférence de paix autorise l’attaque de l’armée roumaine, qui commence le 16 avril. Grâce à la faiblesse de l’armée hongroise, les troupes roumaines occupent, en à peine quinze jours, toute la partie de la Hongrie au-delà de la Tisza. Le 26 avril, des formations tchèques franchissent la ligne de démarcation et occupent en quelques jours Munkács, Sátoraljaújhely et la majeure partie de la zone industrielle de Miskolc. Au même moment, les forces armées française et serbe occupent Makó et Hódmezővásárhely au sud du pays. Début mai, elles sont à 100 km de Budapest. Les Conseils ouvriers de la capitale décrètent la résistance et la mobilisation générale. Les travailleurs mobilisés réussissent à stopper l’offensive impérialiste et à repousser les troupes roumaines et tchèques.

Le 7 juin une note de la Conférence de paix ordonne l’arrêt des opérations de l’Armée de la République des conseils. Dans le camp des vainqueurs de la guerre, la Grande-Bretagne, les USA et l’Italie seraient prêts à entamer des pourparlers avec le gouvernement des conseils, mais la France refuse une telle démarche.

À Szeged, avec la complaisance des autorités militaires françaises d’occupation, un Gouvernement National est constitué dès le mois de juin 1919. Il dispose d’une petite force armée qualifiée d’Armée Nationale Hongroise (Magyar Nemzeti Hadsereg) et placée sous les ordres de l’ancien Commandant en Chef de la Marine Impériale et Royale, le contre-amiral Miklós Horthy. Le 15 juin 1919, Horthy prête serment comme ministre de la Guerre et chef de l’armée nationale au gouvernement contrerévolutionnaire du comte Károlyi à Szeged. Le 24 juin un soulèvement contrerévolutionnaire est déclenche à Budapest.

Le 13 avril 1919, à Vienne, un certain nombre d’hommes politiques hongrois avaient de leur côté constitué sous l’autorité du comte Istvan Bethlen un Comité anti-bolchevique, qui noue contact avec les autorités de Szeged, en même temps qu’il constitue sous la direction du colonel Anton Lehár une force armée massée le long de la frontière sud-occidentale de la Hongrie. Lehár place ses troupes sous les ordres de Horthy.

En réaction aux succès des forces de la République des conseils, la Conférence de paix fait connaitre à la Hongrie ses nouvelles frontières définitives avec la Roumanie et la Tchécoslovaquie. En même temps, elle lui ordonne de rendre les territoires occupés au nord, contre lesquels elle promet de rendre la région au-delà de la Tisza. Après un long débat, les dirigeants bolcheviques acceptent ce diktat. Le 30 juin, l’armée Rouge hongroise commence l’évacuation de la Haute-Hongrie. Malgré les promesses de la conférence de paix, l’armée roumaine ne quitte pas le pays au-delà de la Tisza. C’est pourquoi l’armée hongroise attaque à nouveau les forces roumaines. Mais l’offensive, commencée le 20 juillet, s’effondre en quelques jours. Le 30 juillet, les troupes roumaines traversèrent la Tisza dans la région de Szolnok. Ainsi le chemin vers la capitale est ouvert. Le gouvernement bolchevique démissionne le 1er aout. Il est remplacé par un gouvernement de transition dirigé par le socialiste modéré Peidl, qui, à son tour, est renversé le 6 aout par un coup d’État monarchiste. A la tête de ce nouveau gouvernement se trouve un partisan du Roi Charles, Etienne Friedrich, tandis que l’archiduc Joseph assume les fonctions de Chef provisoire de l’État. Ce cabinet, et les gouvernements de rencontre qui lui succèdent, sont impuissants et dépourvus d’autorité. La loi est, pour l’heure, celle de l’occupant. Le 9 aout Horthy soustrait le haut-commandement de l’armée à l’autorité du gouvernement de Budapest.

À mi-novembre 1919 les Alliés obtiennent le retrait des forces roumaines. Le 16 novembre Horthy avec ses troupes entre à Budapest. Un Parlement hongrois est élu en janvier 1920, il se prononce pour le rétablissement de la monarchie mais ne rappelle pas sur le trône l’ex-empereur Charles Ier – le roi Charles IV en Hongrie. Un nouveau gouvernement est formé, présidé par Karoly Huszar. Le 1er mars 1920 Horthy est élu régent.

Le 4 juin 1920 est signé le traité de Trianon qui ampute la Hongrie des deux tiers de son territoire d’avant 1914 et de la moitié de sa population.

D’après le recensement de 1910, le pays était peuplé d’un peu plus de 20 millions d’habitants. Les Hongrois représentaient à peu près la moitié de la population. Puis venaient les Roumains, 3 millions, ensuite les Croates, 2,5 millions, les Slovaques, 2 millions, les Allemands, 2 millions, et enfin les Serbes, 500 000, et les Ruthènes, 500 000.

Avec le traité de Trianon le pays passe de 283.000 à 93.000 kilomètres carré, et de 18 millions à 8 millions d’habitants. La Hongrie est reconnue comme État indépendant et souverain, mais le traité formalise la perte de la Voïvodine, de la Transylvanie, de la Haute-Hongrie, de la Croatie, du Burgenland. Trois millions de Magyars vivent désormais en dehors des frontières de la Hongrie. Un million et demi d’entre eux deviennent sujets roumains, un million citoyens d’une Tchécoslovaquie qui compte, au demeurant, plus d’Allemands que de Slovaques, un demi-million vit désormais sous le sceptre des Karageorgévitch au sein du nouveau royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

Seules deux nationalités restent plus au moins loyales envers la Hongrie. Les Allemands, qui représentaient 10 % de la population globale, mais dont le lieu de résidence était dispersé à travers le pays. Et les Ruthènes, qui représentaient seulement 2,5 % de la population, mais qui formaient un bloc concentré dans les régions des Carpates du Nord-Est. À la fin de 1918 et au début de 1919, une large autonomie avait été octroyée à ces deux nationalités, prévoyant la décentralisation de larges pouvoirs législatifs et exécutifs, ainsi que l’obtention d’un ministère au gouvernement central.