Comité exécutif de l’Internationale Communiste
1933

Présidium du Comité exécutif de l’Internationale Communiste
Résolution : La situation en Allemagne

1er avril 1933

Source :
L’Humanité – Organe Central du Parti communiste (S.F.I.C.), 7 avril 1933, Paris [1].

[Nous reproduisons ce texte avec l’accord du responsable du site 321ignition.free.fr]

 

Résolution adoptée le 1er avril 1933, sur rapport du camarade Heckert

Le Présidium du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste, après avoir entendu le rapport du camarade Heckert, sur la situation en Allemagne, constate que la ligne politique, la politique d’organisation du comité central du Parti communiste allemand, avec le camarade Thaelmann à sa tête ont été parfaitement justes, avant et au moment du coup d’État hitlérien.

Dans quelles conditions la bourgeoisie allemande a‑t‑elle chargé le fasciste Hitler et son parti "national-socialiste" de réaliser la dictature fasciste ouverte?

C’est dans des conditions d’aggravation extrême de la situation économique et politique, en Allemagne; d’une part le Parti communiste était déjà devenu une force formidable dans la classe ouvrière et la crise révolutionnaire mûrissait rapidement; d’autre part, de profondes contradictions s’étaient révélées parmi les classes dominantes et la dictature fasciste, sous la forme des gouvernements de von Papen[2] et Schleicher[3], n’avait pas été en état d’arrêter les progrès du communisme ni de trouver une issue à la crise économique toujours plus aiguë.

La victoire de Hitler et l’établissement du pouvoir des national-socialistes ont été possibles par suite des circonstances suivantes.

La social-démocratie allemande qui, dans la révolution de novembre 1918 a été suivie par la majorité du prolétariat, avait divisé la classe ouvrière. Au lieu de conduire la révolution en avant, vers la dictature du prolétariat et le socialisme, ce qui aurait été le devoir d’un parti prolétarien, elle s’est alliée à la bourgeoisie et aux généraux du Kaiser pour écraser le soulèvement des masses révolutionnaires et elle a commencé une division profonde de la classe ouvrière d’Allemagne. Sous le drapeau de la collaboration avec la bourgeoisie et avec la tactique du “moindre mal”, elle a continué jusqu’à ces derniers jours son alliance avec la bourgeoisie et, avec l’approbation de toute la 2e Internationale, cette politique de répression sanglante du mouvement révolutionnaire et de division de la classe ouvrière.

Elle a interdit l’Union du Front Rouge[4], elle a dissous les organisations ouvrières révolutionnaires, elle interdisait les manifestations ouvrières et faisait tirer sur les manifestants, elle brisait les grèves économiques et politiques contre l’offensive du capital et contre le fascisme, et soutenait le pouvoir de la bourgeoisie contre-révolutionnaire. La social-démocratie a concentré entre les mains de ses cadres bureaucratiques corrompus la direction des organisations ouvrières de masse. Elle en a exclu les ouvriers révolutionnaires et, par tout un réseau d’organisations ouvrières centralisées qui lui étaient subordonnées, elle a paralysé l’initiative des masses ouvrières, elle a sapé leur force combative dans la lutte contre le capital et le fascisme, et elle a empêché la riposte énergique à la dictature fasciste en marche et aux bandes terroristes des hitlériens. Cette politique de lutte contre les masses ouvrières, de collaboration avec la bourgeoisie et de soutien de la réaction sous le prétexte de la tactique “du moindre mal” a été et demeure la politique de toute la 2e Internationale[5] et de toute l’Internationale d’Amsterdam[6], depuis 1914 jusqu’à ce jour.

Dans les conditions de l’impérialisme, à plus forte raison dans un pays vaincu au cours de la guerre impérialiste et dont le capitalisme était profondément ébranlé par la crise générale du système capitaliste, la République bourgeoise “démocratique” de Weimar[7] ne pouvait être que la dictature réactionnaire de la bourgeoisie. La législation ouvrière, les assurances sociales et les droits démocratiques que la bourgeoisie s’était vue obligée d’accorder aux ouvriers dans les années de révolution étaient peu à peu enlevés aux ouvriers par la coalition weimarienne au pouvoir, composée des social-démocrates, du centre[8] et des “démocrates”[9]. Les concessions graduelles et constantes à la réaction, la suppression progressive d’un paragraphe de la Constitution après l’autre, d’une conquête ouvrière après l’autre, la fascisation graduelle de l’État avaient tellement discrédité la coalition de Weimar et la République de Weimar qu’elles avaient perdu toute importance tant soit peu sérieuse aux yeux des grandes masses.

Le système de Versailles[10] avait rançonné l’Allemagne et fait subir aux masses travailleuses du pays une exploitation insupportable, non seulement de la part du capital national, mais aussi de la part du capital étranger, auquel le gouvernement allemand était tenu à payer les Réparations.

Le prolétariat subissait une diminution formidable du niveau de vie sous le poids du Traité de Versailles, auquel s’ajoutait le joug de sa propre bourgeoisie et une telle misère régnait parmi les paysans et la petite bourgeoisie urbaine qu’une partie d’entre eux s’est mise à considérer de plus en plus l’Allemagne d’avant-guerre comme un idéal où il n’y avait alors ni crise générale du capitalisme ni une pareille misère des masses. Les choses s’expliquent donc: c’est la plus forte crise économique connue, elle aggrave encore l’oppression nationale résultant du Traité de Versailles, le prolétariat est divisé par la faute de la social-démocratie, par conséquent il n’est pas assez fort pour entraîner à sa suite la petite bourgeoisie urbaine et les masses paysannes, dans de telles conditions, il ne pouvait manquer de se produire ‑ et c’est ce qui est arrivé ‑ une violente explosion de nationalisme et de chauvinisme allemand. La position politique de la bourgeoisie s’en est trouvée considérablement renforcée et le plus démagogique parmi les partis nationalistes, le parti des "nationaux-socialistes" a été porté à la surface.

Les ouvriers communistes ont organisé et mené la lutte contre l’offensive du capital et le fascisme. Ils ont soutenu les moindres actions des ouvriers social-démocrates contre le capital partout où de telles actions ont pu avoir lieu. Désireux de rétablir l’unité révolutionnaire de la classe ouvrière, ils ont bien des fois proposé aux ouvriers social-démocrates et aux organisations de base social-démocrate, longtemps avant la victoire du fascisme, le front unique pour la lutte contre la bourgeoisie et ses valets fascistes.

Mais les ouvriers social-démocrates entraînant à leur suite la majorité de la classe ouvrière en Allemagne, et paralysés par leurs chefs social-démocrates qui étaient contre le front unique révolutionnaire et avaient conservé le front unique réactionnaire avec la bourgeoisie, ont, chaque fois, renoncé, dans leur ensemble, au front unique avec les communistes et ont brisé la lutte de la classe ouvrière. Tandis que les communistes défendaient le front unique révolutionnaire de la classe ouvrière contre la bourgeoisie, contre le fascisme, la social-démocratie, tout au contraire, poussait les ouvriers vers le front unique réactionnaire avec la bourgeoisie contre les communistes, contre les ouvriers communistes, en détruisant et en persécutant les organisations communistes chaque fois et partout où l’occasion se présentait.

Le Parti Communiste, unique guide révolutionnaire du prolétariat allemand, a suivi sa ligne de lutte pour l’unité révolutionnaire de la classe ouvrière, contre le front unique social-démocrate avec la bourgeoisie, malgré le sabotage par la social-démocratie du front unique contre la bourgeoisie. Il a lancé à la classe ouvrière l’appel à la grève politique générale, le 20 juillet 1932 [11], lorsque les fascistes dispersèrent le gouvernement social-democrate de Prusse, et le 30 janvier 1933 [12], lorsque Hitler prit le pouvoir. Pour la réalisation d’une telle grève, il proposa le front unique au parti social-démocrate et aux syndicats réformistes. Le développement de la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie et le fascisme, ainsi que la grève générale, auraient eu pour effet d’entraîner à la suite du prolétariat les masses laborieuses hésitantes de la paysannerie et de la petite-bourgeoisie urbaine. Mais la social-démocratie, continuant sa politique antérieure et son orientation vers la collaboration avec la bourgeoisie, paralysa l’initiative des masses, par tout un réseau d’organisations centralisées, avant tout par les syndicats réformistes, et empêcha l’organisation de la grève générale. Elle l’a même sabotée en encourageant ainsi l’offensive des fascistes contre le prolétariat. Il en est résulté que le Parti Communiste, avant-garde de l’aile révolutionnaire du prolétariat allemand, s’est trouvé dépourvu de l’appui de la majorité de la classe ouvrière.

Dans ces circonstances le prolétariat s’est trouvé dans une situation où il ne pouvait ‑ et en effet, il n’a pas pu ‑ organiser une riposte immédiate et décisive contre l’appareil d’État qui, pour combattre le prolétariat, s’était incorporé les formations de combat de la bourgeoisie fasciste, les sections d’assaut[13], le Casque d’Acier[14], la Reichswehr[15]. La bourgeoisie a pu, sans rencontrer une résistance sérieuse, transmettre le pouvoir aux national-socialistes qui combattaient la classe ouvrière par les moyens de la provocation, de la terreur sanglante et du banditisme politique.

Lénine, analysant les conditions de l’insurrection victorieuse du prolétariat, a dit:

La bataille décisive peut être considérée comme suffisamment mûre si toutes les forces de classe qui nous sont hostiles se sont suffisamment embrouillées, suffisamment querellées entre elles, suffisamment affaiblies par une lutte au-dessus de leurs forces, si tous les éléments intermédiaires, hésitants, vacillants, instables, c’est-à-dire la petite-bourgeoisie, la démocratie petite-bourgeoise, contrairement à la bourgeoisie, se sont suffisamment démasqués aux yeux du peuple, s’ils se sont suffisamment couverts de honte par leur banqueroute pratique, si dans le prolétariat a commencé un courant puissant de masse en faveur du soutien des actes révolutionnaires les plus résolus, les plus intrépides contre la bourgeoisie. C’est alors que la révolution est mûre, c’est alors, pourvu que nous tenions exactement compte des conditions que nous venons d’indiquer et que nous choisissions exactement le moment, que notre victoire est certaine.

Une particularité caractéristique de la situation au moment du coup d’État de Hitler, c’est que ces conditions de l’insurrection victorieuse n’avaient pas encore eu le temps de mûrir et n’existaient qu’en germe.

L’avant-garde du prolétariat ‑ le Parti communiste ‑ ne désirant pas se lancer dans une aventure, ne pouvait évidemment compenser ce facteur manquant par ses actes à elle seule.

"Avec l’avant-garde seule, on ne peut pas vaincre", disait Lénine. "Jeter aux combats décisifs l’avant-garde seulement, alors que toute la classe ouvrière, alors que les grandes masses n’ont pas encore pris une position de soutien direct de l’avant-garde ou tout au moins de neutralité bienveillante, serait non seulement une sottise, mais aussi un crime."

Telles sont les circonstances qui ont déterminé la retraite de la classe ouvrière et la victoire du parti des fascistes contre-révolutionnaires. Ainsi, l’instauration de la dictature fasciste est, en fin de compte, la conséquence de la politique social-démocrate de collaboration avec la bourgeoisie durant toute l’existence de la République de Weimar.

La social-démocratie a maintes fois déclaré qu’elle n’avait rien contre une accession de Hitler au pouvoir par la voie “constitutionnelle”.

Même après la prise du pouvoir par Hitler le 2 février, le "Vorwärts" déclarait que sans la social-démocratie, un homme comme Hitler n’aurait pu être chancelier d’Empire[16]. Wels en disait autant le 23 mars, dans sa déclaration devant le Reichstag[17], en affirmant que grands sont les mérites des social-démocrates aux yeux des "nationaux-socialistes", car c’est précisément grâce à la politique de la social-démocratie que Hitler a pu accéder au pouvoir. Nous ne reparlerons pas de Leipart[18], de Loebe[19] et des autres chefs social-démocrates qui soutiennent entièrement les fascistes. Les communistes avaient raison de qualifier les social-démocrates de social-fascistes.

Mais la dictature fasciste, s’appuyant sur les bandes armées des "national-socialistes" et du Casque d’Acier, déclenchant la guerre civile contre la classe ouvrière, abolissant tous les droits du prolétariat, démolit en même temps les théories social-démocrates sur la possibilité de conquérir la majorité parlementaire par le bulletin de vote et d’évoluer pacifiquement vers le socialisme, sans révolution. Elle démolit les théories social-démocrates de la collaboration de classes avec la bourgeoisie et de la politique “du moindre mal” et dissipe toutes les illusions démocratiques des larges masses ouvrières. Elle montre que l’État n’est nullement une superstructure au-dessus des classes, mais un instrument de dictature de la bourgeoisie, que le vrai pouvoir de l’État réside dans les bandes armées des sections d’assaut, le Casque d’Acier, la police, les officiers, qui gouvernent au nom de la bourgeoisie et des hobereaux. La classe ouvrière se convainc par la pratique que les communistes avaient eu raison de lutter pendant des années contre les illusions démocratiques et contre la politique social-démocrate du “moindre mal” et de la collaboration avec la bourgeoisie.

D’autre part, la dictature ouverte de Hitler, qui a déclenché la guerre civile dans le pays, est incapable de résoudre un seul des problèmes politiques et économiques de l’Allemagne d’aujourd’hui. La misère des masses grandit chaque jour. La situation de l’industrie s’aggrave, car la politique d’aventure du gouvernement ne fait qu’accélérer le rétrécissement du marché intérieur et du marché extérieur. Il n’y a, et il ne peut y avoir, nulle perspective de réduction sérieuse du chômage. Il est impossible de fournir du travail et des postes à tous les partisans des national-socialistes. À la place des "national-socialistes" qui recevront du travail, d’autres ouvriers seront congédiés. La prolongation du moratoire jusqu’en octobre et le contingentement de l’importation des denrées agricoles peuvent satisfaire, pour un temps très bref, une couche fort petite des paysans les plus aisés, mais non arrêter les progrès de la misère et du mécontentement parmi les grandes masses paysannes. Les menées démagogiques contre les grands magasins et le capital juifs ne sont d’aucun secours à la petite bourgeoisie dans le besoin, et dont la situation s’aggravera à mesure que diminuera la capacité d’achat du prolétariat, ce qui rétrécira encore davantage le marché intérieur. La distribution de pain et de lard, aide microscopique aux nécessiteux, n’a été qu’un appât électoral. L’augmentation de 2 marks par mois de l’allocation de chômage, ne peut manquer d’être retirée de nouveau, en raison de la situation économique qui empire. Il devient évident que Hitler conduit l’Allemagne à une catastrophe économique qui s’annonce de plus en plus inévitable.

Le mouvement nationalsocialiste a crû, avant tout comme un mouvement nationaliste et chauvin contre le traité de Versailles. Dirigé par les officiers et les fonctionnaires du Kaiser, ce fut un mouvement des masses petites-bourgeoises et, en partie, des masses paysannes. Le séjour de deux mois de Hitler au pouvoir, le tapage chauvin contre l’internationalisme prolétarien et contre le “bolchevisme mondial” est une politique d’aggravation des rapports avec tous les États sans distinction. Une telle politique, loin de renforcer l’Allemagne, ne peut manquer de l’affaiblir et de l’isoler. Dans de telles conditions, les tentatives du gouvernement de violer le traité de Versailles, ne serait-ce que par le rattachement de l’Autriche, pour remporter des succès de politique extérieure, afin de relever son prestige parmi les masses dont il ne peut soulager la misère, conduiront seulement à une nouvelle tension de toute la situation internationale et à une croissance énorme du danger de guerre. Chaque nouvelle journée du gouvernement Hitler montrera plus clairement la duperie dont sont victimes les masses qui l’ont suivi. Chaque nouvelle journée montrera toujours plus clairement que Hitler conduit l’Allemagne à la catastrophe.

L’accalmie actuelle, après la victoire du fascisme, n’est qu’un phénomène momentané. La poussée révolutionnaire grandira inévitablement en Allemagne, malgré la terreur fasciste. La résistance des masses au fascisme ne peut pas ne pas grandir. L’instauration de la dictature fasciste ouverte, dissipant toutes les illusions démocratiques des masses et libérant celles-ci de l’influence, de la social-démocratie, accélère la marche de l’Allemagne vers la révolution prolétarienne.

La tâche des communistes doit être d’expliquer aux masses que le gouvernement Hitler conduit le pays à la catastrophe. Il faut maintenant avertir les masses, avec plus d’énergie que jamais, que le seul moyen pour les travailleurs d’échapper à une misère encore plus grande, que le seul moyen d’éviter la catastrophe, c’est la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat. Il faut lutter pour le ralliement de toutes les forces du prolétariat et la création du front unique des ouvriers social-démocrates et communistes, en vue de la lutte contre les ennemis de classe. Il faut raffermir le parti et renforcer toutes les organisations de masse du prolétariat, en préparant les masses aux batailles révolutionnaires décisives, au renversement du capitalisme, au renversement de la dictature fasciste par l’insurrection armée.

Partant de ce qui a été dit, le présidium du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste, approuve le programme d’activité pratique fixé par le Comité Central du Parti Communiste d’Allemagne.

Notes



[1]. [321ignition] Les annotations sont formulées par nous en tenant compte d’éventuelles notes figurant dans la source.

[2]. Allemagne, du gouvernement Hermann Müller (SPD) au gouvernement Adolf Hitler (NSDAP).

En 1919, après la prise de fonction de Friedrich Ebert (SPD) comme président du Reich, Hermann Müller conjointement avec Otto Wels est élu comme président du SPD. En mars 1920, après la mise en échec du putsch Lüttwitz-Kapp, Müller devient chancelier du Reich à la tête d’un gouvernement de coalition incluant SPD, Parti démocratique allemand (Deutsche Demokratische Partei, DDP) et Parti du centre (Zentrumspartei, Zentrum); cependant les résultats des élections de juin 1920 conduisent à sa démission. Au Congrès du SPD de 1921 il obtient l’approbation d’une résolution qui autorise le parti à participer au niveau national de même que celui régional à des coalitions incluant le Parti populaire allemand (Deutsche Volkspartei, DVP). À partir de là, le SPD participe à certains gouvernements de coalition, sans en occuper le poste de chancelier. En juin 1928 Müller est à nouveau chancelier, à la tête d’un gouvernement de coalition incluant SPD, DVP, Zentrum et DDP, qui restera en place jusqu’en mars 1930.

Le 31 mars 1930, le gouvernement de coalition formé en juin 1928 est remplacé par un gouvernement avec à sa tête Heinrich Brüning (Zentrum), lequel se situe délibérément en dehors d’une coalition parlementaire figée. Le 18 juillet, à l’Assemblée nationale (Reichstag), Brüning présente un décret signé d’avance par le président Paul von Hindenburg, qui dissout le Parlement. À partir d’octobre, ont lieu de multiples rencontres des principaux acteurs politiques et économiques avec Adolf Hitler et d’autres représentants du NSDAP, dans le but de trouver d’une manière ou d’une autre une formule l’associant au gouvernement. Le 1er juin 1932 est constitué un gouvernement dirigé par Franz von Papen (Zentrum); Kurt von Schleicher (sans parti) est ministre de la Défense [Reichswehrminister]. Le gouvernement déclare explicitement ne pas être une émanation des partis.

Le 20 juillet 1932, Papen destitue le gouvernement de Prusse dirigé par le SPD auquel étaient associés le Zentrum, le DDP, le Parti d’État allemand (Deutsche Staatspartei, DStP) et le chancelier du Reich assume la fonction de commissaire du Reich pour la Prusse. Le 31 ont lieu de nouvelles élections à l’Assemblée nationale. Le NSDAP obtient 230 sièges sur un total de 608, le SPD 133, le KPD 89, le Zentrum 75. Le 6 novembre sont organisées encore des élections. Cette fois le NSDAP obtient 196 sièges sur un total de 584, le SPD 121, le KPD 100, le Zentrum 70. Le 3 décembre, Schleicher remplace Papen et constitue un nouveau gouvernement. Il tente de trouver une solution au fait que le régime souffre du manque d’une base de masse. Dans ce but il s’efforce à établir une alliance incluant les national-socialistes, et aussi les syndicats et les social-démocrates. Il échoue dans sa démarche, et n’obtenant pas du président Hindenburg la dissolution, une fois de plus, de l’Assemblée nationale, il démissionne le 28 janvier 1933. Le 30 janvier 1933 Hindenburg nomme Hitler chancelier.

[3]. Cf. note 2 .

[4]Roter Frontkämpferbund.

Le 31 mai 1924 se tient à Halle une réunion de la Centrale du KPD. Le 11 mai les unités de défense liées au DVFP et au NSDAP avaient mobilisé pour une “Journée allemande” dans cette ville. Les communistes avaient entrepris de perturber la marche, la police avait ouvert le feu, causant 8 morts et 16 blessés graves. La Centrale du KPD aboutit à la conclusion de constituer des unités de défense propres, capables de protéger le mouvement ouvrier contre des attaques de la part de la police ou de l’extrême droite. Il est décidé de créer une telle organisation sous le nom de “Ligue rouge de combattants du front” (“Roter Frontkämpferbund”, RFB). C’est ainsi que s’intitulèrent à Halle les unités d’intervention prolétariennes formées précédemment, interdites. Afin de mettre en oeuvre l’édification du RFB de façon progressive, sont choisies d’abord les régions de Halle-Merseburg et Grand-Thüringen. Le premier groupe du RFB est formé en juillet 1924 à Hildburghausen, en Thüringen, puis à Halle le même mois, ensuite en aout à Chemnitz et à Dresde, en septembre à Leipzig. Le 1er février 1925 se tient à Berlin la 1e conférence nationale du RFB. Elle désigne Ernst Thälmann comme président, avec Willi Leow comme adjoint. Le 21 mai se tient à Berlin la 2e Conférence nationale, puis le 3 juin 1927 la 3e. Une réunion pour établir le RFB en Bavière est convoquée à Nürnberg en juillet 1925, mais elle est interdite par les autorités. Ce n’est que le 2 avril 1928 que l’interdiction du groupe local de Dortmund sera levée et que des unités du RFB pourront être créées en Bavière. Le 3 mai 1929, en lien avec les manifestations organisées par le KPD pour la journée du Premier mai, le gouvernement de Prusse décide la dissolution du RFB, la mesure est exécutée le 6. Les jours suivants l’organisation est également interdite en Bavière, Saxe, Hambourg, Lippe-Detmold, Mecklenburg-Strelitz, d’autres gouvernements régionaux sont plus réticents. Finalement, sur demande de Carl Severing (SPD), ministre de l’intérieur de Prusse dans le cadre d’un gouvernement de coalition régional dirigé par Otto Braun (SPD), après la tenue le 10 mai d’une conférence nationale des ministres de l’intérieur régionaux, l’interdiction du RFB est prononcée au niveau national. Ainsi, le RFB sera contraint à se maintenir définitivement dans la clandestinité.

Remarque concernant la dénomination “Roter Frontkämpferbund”: Elle est fréquemment traduite par “Ligue des Combattants du Front Rouge, ce qui prête à confusion, puisque rouge devient ainsi épithète de front, comme dans les expressions front uni, front antifasciste etc. Or le terme Frontkämpferbund se décompose en Bund et Frontkämpfer, et ce dernier terme est directement lié aux soldats qui combattaient au front pendant la guerre. Ainsi, dans Roter Frontkämpfer le qualificatif rouge se rapporte à combattant du front, et de la même façon dans Roter Frontkämpferbund le qualificatif rouge se rapporte à Ligue des combattants du front, ceci pour distinguer le RFB des organisations de combattants du front constitués par les forces politiques réactionnaires.

[5]. Internationale socialiste.

En 1864 est constituée à Londres l’“Association internationale des travailleurs”, à laquelle Karl Marx et Friedrich Engels participent activement; elle est dissoute par décision de son assemblée générale tenue à Philadelphie en 1876. En 1889 se tient un congrès ouvrier international à Paris. La coordination ainsi établie entre partis d’orientation marxiste est désignée couramment comme “Deuxième Internationale”. Dans un premier temps, aucune structure organisationnelle particulière n’est mise en place, en dehors de la convocation de congrès. En 1900 est constitué un Bureau socialiste international, ainsi qu’un comité exécutif chargé des affaires courantes, avec siège à Bruxelles.

Les 14 et 15 février 1915 se tient à Londres une conférence des partis socialistes des pays alliés. Le nombre de délégués s’élève à 46. La France est représentée de la façon suivante: pour le Parti socialiste Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) Alexandre Desrousseaux dit Bracke, Adéodat Compère-Morel, Marcel Cachin, Jean Longuet, Marcel Sembat, Pierre Renaudel, Edouard Vaillant, Louis Dubreuilh, Ernest Poisson, Braemer; pour la Confédération générale du travail Léon Jouhaux, Alexandre Luquet, Moulinier, Albert Bourderon et Alphonse Merrheim. La Grande Bretagne est représentée entre autres par Arthur Henderson, Ramsay Macdonald, Keir Hardie, William Anderson, Bruce Glasier; la Belgique est représentée notamment par Émile Vandervelde et Camille Huysmans; pour la Russie participent entre autres Ivan M. Maisky du Parti ouvrier social-démocrate – menchévik), Viktor M. Černov et Ilja A. Rubanovič du Parti des socialistes-révolutionnaires, etc.

Après la 1e guerre mondiale se tient d’abord en février 1919 une conférence à Bern, puis en aout 1920 à Genève la 2e Internationale est reconstituée avec la participation d’un nombre réduit de partis. Elle établit son siège à Londres.

Un certain nombre d’autres partis constituent en février 1921 à Vienne en Autriche la “Communauté internationale de travail de partis socialistes”. Friedrich Adler et Otto Bauer jouent un rôle important. Officiellement l’organisation est désignée aussi comme “Internationale de Vienne”, mais elle est couramment nommée “Internationale 2 ½”.

En mai 1923 durant un congrès tenu à Hambourg cette Internationale et la 2e Internationale créent en commun l’“Internationale ouvrière socialiste”.

[6]. Fédération syndicale internationale (dite “Internationale syndicale d’Amsterdam”).

En 1901 se tient à Copenhague une réunion entre représentants des centrales syndicales de Norvège, Suède, Finlande, Danemark, Allemagne, France et Belgique. Une autre rencontre suit en 1903, et se constitue un secrétariat international avec Carl Legien comme secrétaire. En 1913 est adoptée la désignation “Fédération syndicale internationale” (FSI). La 1e guerre mondiale induit le clivage correspondant aux alliances belligérantes. En 1919 la FSI est reconstituée. Une première réunion se tient en février 1919 à Bern, en juillet-aout le siège est établi à Amsterdam. La FSI est reconnue par la nouvelle Organisation internationale du travail. L’admission à la FSI des syndicats de l’Union soviétique est refusée. La Fédération américaine du travail (AFL) adhère finalement à la FSI en 1937.

[7]. Le 6 février 1919, une Assemblée constituante allemande se réunit dans la ville de Weimar.

La nouvelle constitution fixe à l’Allemagne un cadre institutionnel de république fédérale. L’état est désigné par le nom de Reich (Empire); le président de la République est dénommé Reichspräsident, le chancelier Reichskanzler, l’assemblée législative Reichstag.

[8]Deutsche Zentrumspartei (Parti allemand du centre, Zentrum).

Le Zentrum a été fondé en 1870 en tant que représentant politique du catholicisme. Après la Deuxième guerre mondiale, ses principaux dirigeants contribuent à la formation de l’actuelle Christlich-Demokratische Union Deutschlands (Union chrétien-démocrate d’Allemagne, CDU).

[9]Deutsche demokratische Partei (Parti démocratique allemand, DDP).

Le DDP a été fondé le 20 novembre 1918. Il succède au Fortschrittliche Volkspartei (Parti populaire progressiste, FVP), fondé en 1910 et inclut aussi des ex-membres du Nationalliberale Partei (Parti national-libéral, NLP), fondé en 1866 et qui cesse d’exister en novembre 1918.

[10]. Traité de Versailles.

Pour rétablir l’état de paix avec l’Allemagne, les vingt-sept puissances vainqueurs alliées ou associées (en fait, trente‑deux, dans la mesure où la Grande‑Bretagne parle au nom du Canada, de l’Australie, de l’Afrique du Sud, de la Nouvelle-Zélande et de l’Inde) se réunissent en conférence de la paix à Paris, du 18 janvier 1919 au 10 aout 1920; lors de ses négociations sont élaborés, en outre, les quatre traités secondaires de Saint-Germain-en-Laye, Trianon, Neuilly-sur-Seine et Sèvres.

En pratique, les travaux sont dominés par un directoire de quatre membres: Georges Clemenceau pour la France, David Lloyd George pour la Grande-Bretagne, Vittorio Emanuele Orlando pour l’Italie, Thomas Woodrow Wilson pour les USA. Le pacte de la Société des Nations (SDN) est incorporé au texte du traité de paix sous forme de préambule.

Les principales clauses territoriales concernent la restitution de l’Alsace-Lorraine à la France, l’administration de la Sarre d’abord par la SDN pendant quinze ans, puis l’organisation d’un plébiscite, ainsi que l’organisation d’un autre plébiscite, revendiquée par l’Allemagne et la Pologne, au Schleswig et en Silésie. Toruń (antérieurement Thorn) est cédée à la Pologne; Dantzig (aujourd’hui Gdansk) devient une ville libre administrée sous le contrôle de la SDN, et le “corridor” de Dantzig, qui assure à cet État un accès à la mer, isole ainsi la Prusse orientale des autres territoires d’Allemagne. Les Allemands des Sudètes sont intégrés à la Tchécoslovaquie. Aussi, l’Allemagne renonce à toutes ses colonies, et ceci au profit des puissances alliées, la SDN ayant charge d’en attribuer le mandat à certaines d’entre elles.

Après suppression du service militaire, l’armée allemande est ramenée à 100.000 hommes (contre 400.000 au début de 1919) et la marine à 15.000. La fabrication d’un nouveau matériel de guerre (sous-marins, artillerie lourde et chars) est interdite, la flotte de guerre confisquée et les ouvrages fortifiés doivent être détruits sous le contrôle de la Commission des réparations. L’Allemagne doit, à titre transitoire, verser 20 milliards de marks‑or en attendant que la Commission des réparations fixe le montant des réparations destinées à couvrir les dommages de guerre.

Pour garantir l’exécution des clauses du traité, la rive gauche du Rhin ainsi que trois têtes de pont sur la rive droite doivent être occupées pendant (au maximum ) quinze ans par les puissances alliés, la Rhénanie est démilitarisée, et l’Allemagne doit reconnaitre sa responsabilité concernant les dommages causés du fait de la guerre.

[11]. Allemagne, Prusse 20 juillet 1932.

Le 30 mars 1930, au niveau national, le gouvernement de coalition dirigé par Hermann Müller (SPD) est remplacé par un gouvernement de coalition dirigé par Heinrich Brüning (Zentrum) auquel le SPD ne participe pas (cf. note 2 ). En Prusse continue en place un gouvernement de coalition formé le 5 avril 1925, dirigé par Otto Braun (SPD). Suite à la modification du rapport de forces au niveau national, se fait chemin, au sein des partis de droite, une orientation vers la rupture avec le SPD en Prusse également. Après les élections régionales du 24 avril 1932, quand le NSDAP obtient 162 sièges et le SPD 94, le gouvernement prussien démissionne. Les efforts de former un nouveau gouvernement investi par l’assemblée régionale restent infructueux.

Le 1er juin 1932 Franz von Papen (Zentrum) succède à Brüning comme chancelier du Reich. Le 20 juillet il déclare que, sur demande du président du Reich, il a signé un "décret concernant le rétablissement de l’ordre et de la sécurité publiques dans le territoire du Land Prusse". Le décret nomme le chancelier du Reich comme commissaire du Reich pour le Land Prusse. Papen informe qu’il démet de leurs fonctions tous les ministres du gouvernement prussien, dont le Premier ministre Braun et le ministre de l’Intérieur Carl Severing (également SPD).

[12]. Cf. note 2 .

[13]Sturmabteilung (Section d’assaut, SA).

En Allemagne, le 12 novembre 1920 est constituée par le DAP (prédécesseur du NSDAP) une “section gymnastique et sport” [“Turn- und Sportabteilung”] chargée des missions de service d’ordre. Cette structure intègre des anciens membres des gardes civiles et du corps-franc Oberland. À cet égard, Ernst Röhm (capitaine actif et officier d’état-major dans la VIIe division bavaroise de la Reichswehr) et Hermann Ehrhardt (ex-commandant de la Brigade de Marine II) jouent un rôle important. Le 5 octobre 1921, l’association prend le nom de “section d’assaut” [“Sturmabteilung”] (SA).

En 1923 en Bavière, le commissaire général d’état Gustav von Kahr, le lieutenant général Otto von Lossow et le colonel Hans von Seißer, chef de l’office de police régional, constituent un groupe oeuvrant en vue d’un coup d’état contre le gouvernement du Reich. Ils entretiennent des rapports de coopération et de rivalité avec le NSDAP. Le 8 novembre se tient une réunion en présence de Kahr, Lossow, Seißer et plusieurs ministres de Bavière, dans une brasserie à Munich. Adolf Hitler tente de précipiter les évènements en faisant irruption avec un groupe armé de l’“Union de combat” [“Kampfbund”]. (L’Union de combat est une association constituée en septembre 1923 entre trois organisations paramilitaires: Sturmabteilung, Reichsflagge, Bund Oberland). L’opération échoue.

En 1924 Röhm, adhèrent du NSDAP, est chargé de la direction de la SA. Suite à des désaccords avec l’orientation suivie par Hitler il démissionne de ce poste, mais il reprend la direction du SA en 1931. En 1934 il est tué au cours d’une opération déclenchée par Hitler le prenant comme cible.

[14]L’organisation “Stahlhelm, Bund der Frontsoldaten” (Casque d’acier, Ligue des soldats du front) est créée en décembre 1918 à Magdeburg par l’officier de réserve Franz Seldte. En 1930 elle est avec environ 500.000 membres la plus puissante formation de défense d’Allemagne. En octobre 1931 le Casque d’acier, le NSDAP et le Parti populaire national-allemand (Deutschnationale Volkspartei, DNVP) forment le “Harzburger Front” (Front de Harzburg”). En 1934 le Casque d’acier est intégré dans la SA (Sturmabteilung, c’est-à-dire Section d’assaut) en tant que “NS-Frontkämpferbund” (Ligue des combattants du Front – National-socialiste), puis l’organisation est dissoute en 1935.

[15]Reichswehr.

C’est la désignation officielle pour les forces armées allemandes, composées de l’armée de terre et de la marine. Les dispositions du Traité de Versailles interdisent la création d’une armée de l’air. Néanmoins des efforts sont entrepris pour établir les conditions en vue d’une reconstitution de forces aériennes. Le Traité de Rapallo conclu en avril 1922 avec l’Union soviétique permet une coopération en ce sens. En 1930 sont formées trois escadrilles d’avions camouflées comme civiles. Le régime national-socialiste, en avril 1933, crée le ministère de l’aviation, puis en 1935 proclame la souveraineté de défense de l’Allemagne, et le développement de l’armée de l’air se déroule de façon ouverte.

[16]. Allemagne, position de la social-démocratie en ce qui concerne la venue au pouvoir des national-socialistes.

Après la désignation d’Adolf Hitler comme chancelier, le 30 janvier 1933, les social-démocrates continuent à s’en tenir à leur orientation de la “défense de la démocratie par les moyens de la démocratie”, en concevant la démocratie justement comme le pouvoir de la classe capitaliste dans le cadre d’une république bourgeoise à démocratie formelle. De ce point de vue, ils reconnaissent le gouvernement de Hitler. Et au-delà, ils se vantent une nouvelle fois, comme constamment depuis 1918, d’être en Allemagne les véritables créateurs et protecteurs de ce régime qui ‑ entendu ainsi ‑ est démocratique.

Le 2 février 1933, l’organe du SPD, Vorwärts, publie un article qui vise le discours de Hitler transmis par radio le soir du 1er février: "Fichez le camp! Notre réponse à Hitler et Papen", Vorwärts, Berlin, 2 février 1933. Voici des extraits:

Monsieur Adolf Hitler! […] Vous parliez du “crime de novembre”*. Mais sans ce “crime de novembre” un homme issu de la condition de travailleur comme vous, ne serait jamais devenu chancelier du Reich. Dans l’Allemagne ancienne le travailleur était quasiment dépourvu de droits et traité sans aucun respect socialement. Ce n’est que la social-démocratie qui a obtenu par la lutte l’égalité des droits et le respect pour les travailleurs. Et c’est pour cela, Adolf Hitler, que vous pouvez aujourd’hui être chancelier du Reich. Tout ce que vous êtes, vous le devez à ce grand bouleversement dans le domaine de l’état, que vous vilipendez et que vous rendez responsable, en contradiction avec la vérité historique, de la défaite de l’Allemagne.

["Fort mit Euch! Unsere Antwort an Hitler und Papen"

Herr Adolf Hitler! […] Sie sprachen vom “Novemberverbrechen”. Aber ohne dieses “Novemberverbrechen” wäre ein Mann aus dem Arbeiterstande wie Sie niemals deutscher Reichskanzler geworden. Im alten Deutschland war der Arbeiter fast rechtlos und gesellschaftlich mißachtet. Erst die Sozialdemokratie hat den Arbeitern Gleichberechtigung und Achtung erkämpft. Und darum, Adolf Hitler, können Sie heute deutscher Reichskanzler sein. Alles, was Sie sind, danken Sie der großen staatlichen Umwälzung, die Sie schmähen und der Sie, im Widerspruch zu der geschichtlichen Wahrheit, an der Niederlage Deutschlands schuld geben.]

[Will Schaber, Walter Fábián (Hrsg.), Leitartikel bewegen die Welt, Cotta Verlag, 1964]

En conformité avec cela, les social-démocrates déterminent également leur position après le 30 janvier: chacun ‑ eux-mêmes tout autant que Hitler ‑ doit avoir comme ligne conductrice de rester “sur le terrain de la constitution”. Ci‑dessous deux exemples.

Appel du comité directeur et du groupe à l’assemblée nationale (Reichstag), du SPD, 30 janvier 1933 (extrait):

L’heure exige l’unité du peuple travailleur tout entier pour la lutte contre les ennemis réunis. Elle exige d’être prêts à l’engagement des forces ultimes et extrêmes. Nous menons notre lutte sur le terrain de la constitution. Nous défendrons les droits politiques et sociaux du peuple, qui sont ancrés dans la constitution et la loi, contre toute attaque, par tous les moyens. Toute tentative du gouvernement, d’utiliser ou de maintenir son pouvoir en allant contre la constitution, se heurtera à la résistance extrême de la classe ouvrière et de tous les cercles de tendance libérale. Toutes les forces doivent être tenues prêtes pour cette lutte décisive.

[Die Stunde fordert die Einigkeit des ganzen arbeitenden Volkes zum Kampf gegen die vereinigten Gegner. Sie fordert Bereitschaft zum Einsatz der letzten und äußersten Kräfte. Wir führen unseren Kampf auf dem Boden der Verfassung. Die politischen und sozialen Rechte des Volkes, die in Verfassung und Gesetz verankert sind, werden wir gegen jeden Angriff mit allen Mitteln verteidigen. Jeder Versuch der Regierung, ihre Macht gegen die Verfassung anzuwenden oder zu behaupten, wird auf den äußersten Widerstand der Arbeiterklasse und aller freiheitlich gesinnten Volkskreise stoßen. Zu diesem entscheidenden Kampf sind alle Kräfte bereitzuhalten.]

[http://histmove.ouvaton.org/pag/chr/pag_009/de/chro_1933_01_02.htm]

Vorwärts, organe du SPD, 30 janvier 1933 (extrait):

Face à ce gouvernement de menace de coup d’état la social-démocratie et tout le Front de fer** se tiennent les deux pieds sur le terrain de la constitution et de la légalité. Elle ne fera pas le premier pas pour s’éloigner de ce terrain. La lutte la plus sévère contre ce gouvernement, elle la mènera plutôt en mettant à profit tous les moyens constitutionnels et légaux. Elle laisse exclusivement à ses adversaires la responsabilité pour l’éclatement d’une lutte qui des deux côtés ne serait plus menée avec les armes normales de la lutte politique.

[Gegenüber dieser Regierung der Staatsstreichdrohung stellt sich die Sozialdemokratie und die ganze Eiserne Front mit beiden Füßen auf den Boden der Verfassung und der Gesetzlichkeit. Sie wird den ersten Schritt von diesem Boden nicht tun. Sie wird vielmehr durch Ausnutzung aller verfassungsmäßigen und gesetzlichen Mittel den allerschärfsten Kampf gegen diese Regierung führen. Sie überlaßt die Verantwortung für den Ausbruch eines Ringens, das beiderseits nicht mehr mit den normalen Waffen des politischen Kampfes geführt werden sollte, ausschließlich ihren Gegnern.]

[http://histmove.ouvaton.org/pag/chr/pag_009/de/chro_1933_01_02.htm]

* Crime de novembre: "Crime de novembre" est un terme qui, du point de vue de la droite attaque d’abord après novembre 1918 ceux qui ont proclamé la république, ceux qui sont membres du Conseil des mandatés du peuple (Rat der Volksbeauftragten), et ceux qui ont signé l’armistice ‑ tous ceux qui sont considérés comme responsables pour l’effondrement de l’Allemagne. Par la suite le terme est dirigé contre les politiciens qui mettent en oeuvre la “politique d’exécution” à l’égard des conséquences du Traité de Versailles. À proprement parler, Hitler dans son discours du 1er février ne prononce pas ce mot. Néanmoins il souligne les points visés:

Plus de 14 ans se sont écoulés depuis ce jour funeste, quand, aveuglé par des promesses intérieures et extérieures, le peuple allemand a oublié les biens les plus précieux de notre passé, du Reich, de son honneur et de sa liberté, et ce faisant a tout perdu. Depuis ce jour de la trahison le Tout‑Puissant a privé notre peuple de sa bénédiction. Discordance et haine ont fait leur entrée. Dans l’inquiétude la plus profonde, des millions parmi les meilleurs hommes et femmes allemands de toutes les couches de la population voient comment l’unité de la nation décline et se dissout dans une confusion d’opinions politico-égoïstes, d’intérêts économiques et de visions du monde divergentes.

Comme si souvent dans l’histoire, depuis ce jour de révolution l’Allemagne offre l’image d’un déchirement qui fend le coeur. Nous n’avons pas obtenu l’égalité et la fraternité promises, par contre nous avons perdu la liberté. Au déclin de notre peuple en matière d’unité spirituel et de volonté, à l’intérieur, a suivi le déclin de sa position politique dans le monde.

Nous sommes ardemment imprégné de la conviction qu’en l’année 1914 le peuple allemand est parti au grand combat sans aucune idée d’une propre faute, seulement accaparé par la charge de l’inquiétude du fait de devoir défendre contre l’attaque le Reich, la liberté et l’existence de l’homme allemand; et nous voyons dans le destin bouleversant qui nous persécute depuis novembre 1918 seulement le résultat de notre déclin intérieur. Cependant, depuis, le reste du monde également est secoué autant par de grandes crises. Le rapport des forces historiquement équilibré, qui autrefois n’y était pour rien quant à la compréhension concernant la nécessité d’une solidarité intérieure des nations, avec toutes les conséquences économiques bénéfiques qui en résultaient, a été éliminé.

[Über 14 Jahre sind vergangen seit dem unseligen Tage, da, von inneren und äußeren Versprechungen verblendet, das deutsche Volk der höchsten Güter unserer Vergangenheit, des Reiches, seiner Ehre und seiner Freiheit vergaß und dabei alles verlor. Seit diesen Tagen des Verrates hat der Allmächtige unserem Volk seinen Segen entzogen. Zwietracht und Haß hielten ihren Einzug. In tiefster Bekümmernis sehen Millionen bester deutscher Männer und Frauen aus allen Lebensständen die Einheit der Nation dahinsinken und sich auflösen in ein Gewirr politisch-egoistischer Meinungen, wirtschaftlicher Interessen und weltanschaulicher Gegensätze.

Wie so oft in unserer Geschichte, bietet Deutschland seit diesem Tage der Revolution das Bild einer herzzerbrechenden Zerrissenheit. Die versprochene Gleichheit und Brüderlichkeit erhielten wir nicht, aber die Freiheit haben wir verloren. Dem Verfall der geistigen und willensmäßigen Einheit unseres Volkes im Innern folgte der Verfall seiner politischen Stellung in der Welt.

Heiß durchdrungen von der Überzeugung, daß das deutsche Volk im Jahre 1914 in den großen Kampf zog ohne jeden Gedanken an eine eigene Schuld und nur erfüllt von der Last der Sorge, das angegriffene Reich, die Freiheit und die Existenz des deutschen Menschen verteidigen zu müssen, sehen wir in dem erschütternden Schicksal, das uns seit dem November 1918 verfolgt, nur das Ergebnis unseres inneren Verfalls. Allein auch die übrige Welt wird seitdem nicht minder von großen Krisen durchrüttelt. Das geschichtlich ausgewogene Gleichgewicht der Kräfte, das einst nicht wenig beitrug zum Verständnis für die Notwendigkeit einer inneren Solidarität der Nationen, mit all den daraus resultierenden glücklichen wirtschaftlichen Folgen ist beseitigt.]

[http://der-fuehrer.org/reden/deutsch/33-2-1.htm]

** Eiserne Front [Front de Fer]: un groupement fondé en décembre 1931, auquel participent en particulier le SPD et l’ADGB ainsi qu’aussi des forces bourgeoises.

[17]. Allemagne, position de la social-démocratie en ce qui concerne les élections à l’Assemblée nationale (Reichstag) du 5 mars 1933.

Le gouvernement formé le 30 janvier 1933 avec Adolf Hitler comme chancelier dissout l’Assemblée nationale. Le 28 février est édicté un "décret du président du Reich pour la protection du peuple et de l’état", qui limite ou abolit de nombreux droits constitutionnels. Aux élections tenues le 5 mars, le NSDAP obtient 288 sièges sur un total de 647, le SPD 120. Pour le KPD sont élus 81 députés, mais qui, du fait de la persécution politique, ne peuvent assumer leur mandat.

Article de Friedrich Stampfer dans le Sozialdemokratischen Pressedienst, 6 mars 1933 (extrait):

Ces messieurs ont maintenant la majorité dans le Reich et en Prusse. Ils sont nommés par le président du Reich et confirmés par le peuple. Ils n’ont qu’à être un gouvernement légal, alors il ira tout à fait de soi que nous sommes une opposition légale. Qu’ils fassent adopter par leur majorité quoi que ce soit qui puisse être adopté dans le cadre de la constitution, nous nous confinerons au rôle de critique objective jusqu’à ce qu’un jour le peuple fasse appel à nous pour un autre rôle.

Par la victoire des partis du gouvernement la possibilité a été établie de gouverner en s’en tenant strictement à la constitution. Des écarts par rapport à elle ne pourraient maintenant plus être motivés par l’incapacité de travailler du parlement, ou la situation critique de l’état. Une application étendue de l’article 48 ne peut pas être justifiée, alors que la machine de la législation normale obéit au gouvernail du gouvernement.

Tout parle aujourd’hui en faveur de la constitution: le serment que le président du Reich et les ministres ont prêté sur elle, mais aussi des considérations de nature politique purement pratique. Uniquement la constitution offre tous les moyens pour sortir le peuple de la psychose de guerre civile, et pour arriver à un développement normal à l’intérieur, qui est aussi nécessaire dans l’intérêt de la politique étrangère allemande. L’élection a montré que le peuple allemand, aujourd’hui, est partagé en deux parties approximativement égales, dont l’une veut maintenant gouverner, tandis que l’autre doit tolérer d’être gouvernée. Un gouvernement qui dans de telles circonstances chercherait à écarter de l’état presque la moitié du peuple, par des moyens de répression contraires à la constitution, n’obtiendrait pas un renforcement sur le plan de la politique étrangère.

[Die Herren haben jetzt im Reich und in Preußen die Mehrheit. Sie sind vom Reichspräsidenten ernannt und vom Volke bestätigt. Sie brauchen nur eine legale Regierung sein, dann sind wir ganz selbstverständlich auch eine legale Opposition. Möge sie von ihrer Mehrheit beschließen lassen, was immer im Rahmen der Verfassung beschlossen werden kann, wir werden uns auf die Rolle des sachlichen Kritikers beschränken so lange, bis uns das Volk eines Tages zu einer anderen Rolle beruft.

Durch den Sieg der Regierungsparteien ist die Möglichkeit geschaffen, streng nach der Verfassung zu regieren. Abweichungen von ihr könnten jetzt nicht mehr mit Arbeitsunfähigkeit des Parlaments oder mit Staatsnotstand begründet werden. Eine ausweitende Anwendung des Artikels 48 ist nicht zu rechtfertigen, wo die Maschine der normalen Gesetzgebung dem Steuer der Regierung gehorcht.

Für die Verfassung spricht heute alles: Der Eid, den der Reichspräsident und die Minister auf sie geleistet haben, aber auch Erwägungen rein praktisch politischer Natur. Nur die Verfassung bietet alle Mittel, das Volk aus der Bürgerkriegspsychose herauszuführen, und zu einer normalen Entwicklung im Innern zu gelangen, die auch im Interesse der deutschen Außenpolitik notwendig ist. Die Wahl hat gezeigt, daß das deutsche Volk heute in zwei annähernd gleiche Teile zerfällt, von denen der eine jetzt regieren will, während der andere es sich gefallen lassen muß, regiert zu werden. Eine Regierung, die es unter solchen Verhältnissen darauf anlegte, fast die Hälfte des Volkes durch verfassungswidrige Unterdrückungsmethoden vom Staate wegzubringen, würde außenpolitisch sich keine Verstärkung verschaffen.]

Le 23 mars l’Assemblée nationale adopte une loi pour la résorption de la détresse du peuple et du Reich [zur Behebung der Not von Volk und Reich]. Hitler présent une déclaration gouvernementale. Sur ce, Otto Wels tient un discours.

[http://www.zeit.de/reden/die_historische_rede/200114_historisch_wels/komplettansicht]

Wels répète entre autre l’argument formulé le 2 février dans le Vorwärts, selon lequel c’est grâce aux social-démocrates que des travailleurs peuvent arriver à la tête de l’état:

Nous avons créé l’égalité des droits pour tous et un droit du travail à caractère social. Nous avons aidé à créer une Allemagne dans laquelle le chemin vers la tête de l’état est ouvert non seulement aux princes et barons, mais aussi à des hommes issus de la classe ouvrière. Cela, vous ne pouvez pas revenir dessus, sans sacrifier votre propre Führer.

[Wir haben gleiches Recht für alle und ein soziales Arbeitsrecht geschaffen. Wir haben geholfen, Deutschland zu schaffen, in dem nicht nur Fürsten und Baronen, sondern auch Männern aus der Arbeiterklasse der Weg zur Führung des Staates offensteht. Davon können Sie nicht zurück, ohne Ihren eigenen Führer preiszugeben.]

Wels réaffirme aussi la position des social-démocrates au sujet de la constitution comme point de référence central, et laisse aux national-socialistes le soin de clarifier leurs intentions à cet égard:

Les élections du 5 mars ont apporté la majorité aux partis du gouvernement et ont ainsi donné la possibilité de gouverner strictement selon la lettre et l’esprit de la constitution. […]

Les circonstances qui aujourd’hui prévalent en Allemagne sont souvent dépeintes en couleurs vives. Comme toujours dans de tels cas, les exagérations ne manquent pas. […] Il serait plus facile de s’opposer à de telles exagérations, si à l’intérieur il serait possible de diffuser les informations de manière à distinguer le vrai du faux. Il serait encore mieux si nous pourrions attester de bonne foi que la sécurité en matière de droit pour tous soit rétablie. Cela, Messieurs, dépend de vous. […]

Si les messieurs du Parti national-socialiste voulaient accomplir des actes socialistes, ils n’auraient besoin d’aucune loi de pleins pouvoirs. Une majorité écrasante leur serait assurée dans cette maison. Chaque motion soumise par vous dans l’intérêt des travailleurs, des paysans, des employés, des fonctionnaires ou des couches moyennes pourrait compter d’être adoptée, sinon à l’unanimité du moins avec une majorité immense.

[Die Wahlen vom 5. März haben den Regierungsparteien die Mehrheit gebracht und damit die Möglichkeit gegeben, streng nach Wortlaut und Sinn der Verfassung zu regieren. […]

Die Zustände, die heute in Deutschland herrschen, werden vielfach in krassen Farben geschildert. Wie immer in solchen Fällen fehlt es auch nicht an Übertreibungen. […]Solchen Übertreibungen entgegenzutreten wäre leichter, wenn im Inlande eine Berichterstattung möglich wäre, die Wahres vom Falschen scheidet. Noch besser wäre es, wenn wir mit gutem Gewissen bezeugen könnten, daß die volle Rechtssicherheit für alle wiederhergestellt sei. Das, meine Herren, liegt bei Ihnen. […]

Wollten die Herren von der Nationalsozialistischen Partei sozialistische Taten verrichten, sie brauchten kein Ermächtigungsgesetz. Eine erdrückende Mehrheit wäre Ihnen in diesem Hause gewiß. Jeder von Ihnen im Interesse der Arbeiter, der Bauern, der Angestellten, der Beamten oder des Mittelstandes gestellte Antrag könnte auf Annahme rechnen, wenn nicht einstimmig, so doch mit gewaltiger Majorität.]

[18]Theodor Leipart.

Leipart adhère au SPD, mais exerce des fonctions essentiellement dans le domaine syndical. En janvier 1921 il est élu secrétaire de l’ADGB comme successeur de Carl Legien lors du décès de celui-ci. En 1922 il est élu vice-président de la FSI. Au cours de l’opération de destruction des syndicats par le régime national-socialiste, le 2 mai 1933, il est temporairement arrêté puis, jusqu’au renversement de la dictature, il réside à Berlin. Après la fin de la guerre il adhère au SED.

Lors de la session du bureau confédéral [Bundesausschuß] de l’ADGB du 31 janvier 1933, Leipart présente un rapport, dont le résumé contient le passage suivant:

Plus que jamais, les travailleurs ne pourront compter que sur leurs propres forces. Il n’y a pas besoin de souligner que, vis-à-vis de ce gouvernement, les syndicats se placent dans l’opposition. Cela ne peut les empêcher, et ne les empêchera pas de représenter les intérêts des travailleurs vis-à-vis de ce gouvernement également. Les syndicats continueront à défendre les exigences des travailleurs en vue de l’égalité des droits dans l’état et dans l’économie, vis-à-vis de ce gouvernement avec exactement la même détermination que jusqu’ici. Organisation pas manifestation voilà la consigne de l’heure. Durant des décennies les syndicats ont agi dans cet esprit. Dans les temps à venir aussi, ils resteront fidèles à cette consigne par une activité de promotion renforcée.

Le 13 avril 1933, a lieu une réunion entre représentants de l’ADGB et dirigeants de la NSBO. Selon un compte-rendu non-signé de la réunion, Leipart adresse à ses interlocuteurs la remarque suivante:

Si Adolf Hitler avait tenu son premier discours au peuple allemand après avoir prise en charge le gouvernement [le 1er février 1933, à 22 heures, Hitler prononce un discours radiodiffusé], en tant que chancelier et non pas en tant qu’homme de parti, et si les ministres nationalistes, en particulier monsieur Göring avait appelé moins à la violence, alors les syndicats aurait soutenu aussi ce gouvernement.

[19]Paul Löbe.

Löbe adhère au SPD en 1895. De 1920 à 1933 il est membre du Reichstag, il est aussi président du Reichstag de 1920 à 1932, puis vice-président en 1933 (Hermann Göring étant président, du fait que les national-socialistes constituent la fraction la plus importante). En juin 1933 il est élu président du SPD. À partir de ce moment il est aussi emprisonné pendant plusieurs mois, à nouveau arrêté après l’attentat contre Hitler du 20 juillet 1944, libéré en décembre. En 1945‑1946 il fait partie de la commission centrale du SPD. Il rejette strictement la perspective de l’unification avec le KPD.