Bob

"La lutte des communistes arabes" [1]

(1931)

L’activité des communistes arabes qui, ces derniers temps, s’est considérablement accrue, cause une grande inquiétude aux impérialistes et à la bourgeoisie arabe nationale-réformiste. La lutte contre le communisme en Egypte et dans les autres pays arabes avait toujours été basée sur la supposition que les ouvriers et paysans "indigènes" étaient immunisés par une "triple carapace" contre l’agitation communiste: par leur "frugalité", leur faible degré d’organisation et leurs traditions musulmanes. Les impérialistes et leurs agents indigènes ont toujours souligné que, dans le Proche-Orient, l’Internationale communiste ne pouvait prendre pied que parmi les émigrés   Arméniens en Syrie, juifs en Palestine, Grecs en Egypte ‑ mais non dans la masse de la population indigène. Il vient d’être prouvé que cette "triple carapace" ne suffit cependant pas à empêcher la pénétration du communisme dans les masses de la population arabe musulmane. […]

Non moins importants fut l’arabisation du Parti communiste de Palestine dont la direction a passé, depuis le VIIe Congrès du Parti (décembre 1930), aux mains d’un Comité central à majorité arabe. Non seulement les organes franchement pro-impérialistes, mais aussi les organes nationaux-réformistes durent avouer que l’agitation du PC de Palestine a trouvé un vif écho dans les villages arabes, parmi les fellahs affamés, désespérés, chassés de leurs terres. Les mots d’ordre de le révolution agraire, de la lutte émancipatrice autonome des travailleurs arabes, avec le concours de l’avant-garde des ouvriers juifs, a tellement effrayé la presse qu’elle réclama "une lutte plus énergique contre le communisme", "l’extermination des communistes", etc. […]

En Palestine, non seulement les ouvriers arabes faisant de la propagande communiste furent exécutés, mais également ceux entretenant des relations avec les ouvriers révolutionnaires. Sans même respecter les lois impérialistes, tous les ouvriers arabes "suspects de communisme" furent arrêtés arbitrairement, même quand ils étaient seulement suspectés de faire de la propagande pour l’indépendance de la Palestine. […]

Les buts des persécutions des autorités françaises en Syrie ainsi que des bourreaux britanniques de Macdonald en Palestine, est clair: l’impérialisme reconnaît le danger que constitue la pénétration des idées révolutionnaires dans les masses arabes, parmi les paysans sans terre et les artisans et ouvriers affamés. Il s’aperçoit que de ces masses sortent les dirigeants, les cadres communistes qui ‑ contrairement aux nationaux-réformistes toujours enclins au marchandage et au compromis ‑ posent la question de la lutte impitoyable contre l’impérialisme. En présence de l’importance qu’a le Proche-Orient pour la prochaine guerre contre l’Union soviétique, tout courant révolutionnaire doit être anéanti dans le germe. C’est pourquoi on se propose "d’extirper" par la terreur la plus brutale le cadre existant déjà et d’intimider les masses pour qu’elles ne participent pas aux actions communistes. […]

 



[1]Correspondance internationale, 15, février 1931. Extraits.

Reproduit ici d’après : Bulletin international, n° 55‑58, juillet-octobre 1982; édité par le CEMOPI (Centre d’étude sur le mouvement ouvrier et paysan international), France.