Comité exécutif de l’Internationale Communiste |
13e Plenum du Comité exécutif de l’Internationale communiste |
Décembre 1933 |
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Thèses adoptées par la 13e Assemblée plénière du C.E. de l’I.C.,
sur le rapport du camarade Kuusinen
Le développement de la crise générale du capitalisme qui suivit la fin de la stabilisation relative, comme l’a relevé la précédente 12e Assemblée plénière du C.E. de l’I.C.[2], a déjà abouti à un ébranlement très accentué du système capitaliste, dans le monde entier.
Tandis que l’U.R.S.S., citadelle du prolétariat international et des peuples opprimés, développe son édification socialiste et relève toujours plus haut sa puissance, l’économie du monde capitaliste se décompose. L’étreinte de la misère, de la ruine et de la famine, se resserre de plus en plus. La bourgeoisie renforce avec acharnement ses moyens économiques d’exploitation par les méthodes de violence fasciste, de spoliation des classes travailleuses, et par des guerres de rapine contre les autres peuples. Mais en même temps s’accroît toujours plus l’indignation révolutionnaire des masses laborieuses et leur volonté de renverser le joug insupportable des classes exploiteuses. La tension extrême des contradictions de classes au sein des pays capitalistes et les antagonismes internationaux témoignent d’une telle maturité des prémices objectives de la crise révolutionnaire, qu’à l’heure actuelle le monde se trouve déjà au seuil du nouveau cycle de révolutions et ‘le guerres.
I. Le fascisme et la maturation de la crise révolutionnaire
1. Le fascisme est une dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins et les plus impérialistes du capital financier. Le fascisme s’efforce d’assurer au capital monopoliste une base de masse au sein de la petite bourgeoisie en faisant appel à la paysannerie désorientée, aux artisans, aux employés, aux fonctionnaires, et notamment aux éléments déclassés des grandes villes et tente de pénétrer également au sein de la classe ouvrière. Le développement du fascisme et son avènement au pouvoir en Allemagne et dans une série d’autres pays capitalistes signifient que:
a) La crise révolutionnaire et l’indignation des grandes masses contre la domination du capital s’accroissent;
b) Les capitalistes ne sont plus en force pour maintenir leur dictature par les anciennes méthodes du parlementarisme et de la démocratie bourgeoise en général;
c) Bien plus, les méthodes du parlementarisme et en général la démocratie bourgeoise deviennent pour les capitalistes un obstacle à leur politique tant intérieure (lutte contre le prolétariat), qu’extérieure (guerre pour le partage impérialiste du monde);
d) Le Capital est par conséquent obligé de passer à une dictature terroriste ouverte à l’intérieur du pays et, dans le domaine de la politique extérieure, à un chauvinisme effréné qui est une préparation directe aux guerres impérialistes.
Le fascisme, né au sein de la démocratie bourgeoise, est aux yeux des capitalistes un moyen de salut contre l’effondrement du capitalisme. Ce n’est que pour tromper et désarmer les ouvriers que la social-démocratie nie la fascisation de la démocratie bourgeoise et oppose en principe les pays de la démocratie à ceux de la dictature fasciste. D’autre part, la dictature fasciste n’est nullement une étape inévitable de la dictature bourgeoise dans tous les pays. La possibilité de l’éviter dépend des forces du prolétariat en lutte, forces paralysées principalement par l’influence dissolvante de la social-démocratie.
2. Bien que l’orientation générale de tous les partis bourgeois, y compris la social-démocratie, soit celle de la fascisation de la dictature bourgeoise, la réalisation de cette orientation provoque inévitablement entre eux des divergences sur les méthodes et les formes de fascisation. Certains groupes bourgeois, en particulier les social-fascistes qui, en pratique, ne s’arrêtent devant aucun acte de violence policière à l’égard du prolétariat, sont pour le maintien des formes parlementaires dans la réalisation de la fascisation de la dictature bourgeoise. Les fascistes, eux, exigent l’abolition complète ou partielle de ces anciennes formes ébranlées de la démocratie bourgeoise; ils exigent que la fascisation s’opère par l’instauration de la dictature fasciste ouverte et par un large emploi de la violence policière, ainsi que de la terreur des bandes fascistes. En arrivant au pouvoir, le fascisme évince, scinde, désagrège (en Pologne[3] par exemple) ou liquide (Allemagne, Italie[4]), les autres partis bourgeois. Un tel objectif du fascisme vers le monopole politique renforce au sein des classes dominantes les dissensions et les conflits qui découlent de la situation intérieure contradictoire de la bourgeoisie en voie de fascisation.
3. L’instauration de la dictature fasciste en Allemagne a mis à nu devant le monde entier le visage de la social-démocratie allemande. De la répression sanglante de la révolution prolétarienne en 1918, et suivant une chaîne ininterrompue de trahisons, en brisant les grèves, en passant par tous les gouvernements de coalition, par les représailles féroces de la police contre les ouvriers révolutionnaires, par le vote pour Hindenburg[5] au nom du “moindre mal”, pour aboutir aux sollicitations serviles de collaboration ouverte avec les bandes fascistes, tels sont les états de service de la social-démocratie allemande, parti dirigeant de la 2e Internationale[6].
La social-démocratie allemande a été et reste le porte-drapeau de tous les partis de la 2e Internationale, qui suivent ses traces.
La social-démocratie continue à jouer le rôle de principal soutien social de la bourgeoisie, y compris dans les pays à dictature fasciste ouverte, en luttant contre l’unité révolutionnaire du prolétariat et contre l’U.R.S.S., en aidant la bourgeoisie à prolonger l’existence du capitalisme par la division de la classe ouvrière. Mais dans la plupart des pays, elle est déjà en voie de désagrégation. L’évolution à gauche des ouvriers sociaux-démocrates renforce la discorde dans les sommets social-fascistes. Des groupes néo-fascistes ouverts apparaissent; des débris de “gauche” tentant de confectionner une nouvelle Internationale 2½ [7], se détachent. Trotski, le serviteur de la bourgeoisie contre-révolutionnaire, s’efforce par de pitoyables tentatives, de constituer une 4e Internationale et, par la diffusion de calomnies antisoviétiques, d’empêcher sans succès d’ailleurs, les ouvriers social-démocrates de se rallier au communisme. Sur la base des antagonismes aigus entre les pays impérialistes, l’organisation internationale de la social-démocratie se désagrège. Nous sommes en présence d’une crise de la 2e Internationale.
4. En vue de surmonter la crise, la politique économique de l’oligarchie financière (pillage des ouvriers et des paysans, subsides aux capitalistes et aux agrariens) n’est plus capable de rétablir la stabilisation du capitalisme et contribue au contraire à la désagrégation continue du mécanisme de l’économie capitaliste (désorganisation du système monétaire, du budget, faillite de l’État, aggravation continue de la crise agraire), contribue à l’accentuation aiguë des contradictions fondamentales du capitalisme.
Dans cette situation, tous les pays capitalistes développent la production de guerre dans des proportions inconnues jusqu’alors, en adaptant les principales branches de l’industrie, ainsi que l’agriculture, aux besoins de la guerre. Obtenue de cette façon, la “demande” de moyens de destruction et d’extermination, jointe à l’inflation ouverte (États‑Unis, Angleterre, Japon), au super-dumping (Japon), et à l’inflation dissimulée (Allemagne), a provoqué dans une série de pays, au cours de cette dernière année, une augmentation de la production dans certaines branches (en particulier dans la sidérurgie, dans la production des métaux non-ferreux, dans les produits chimiques et le textile). Mais un tel aiguillonnage de la production pour des buts improductifs ou les sauts spéculatifs de la production dus à l’inflation, accompagnés d’une stagnation ou d’une régression de la production dans d’autres branches (constructions mécaniques, bâtiment, production de nombreux articles de grande consommation), ne peuvent pas ne pas aboutir forcément à une désorganisation encore plus grande des finances et à une aggravation encore plus profonde de la crise générale du capitalisme.
La lutte acharnée pour les débouchés extérieurs et coloniaux a déjà pris la forme d’une véritable guerre économique mondiale.
5. C’est pourquoi est absolument fausse cette appréciation social-démocrate sur la situation mondiale actuelle, appréciation selon laquelle le capitalisme aurait réussi à consolider sa position, serait en voie de surmonter sa crise générale. À la différence de la première vague de fascisation des États capitalistes, qui déferla au moment du passage de la crise révolutionnaire à la stabilisation partielle, le monde capitaliste passe aujourd’hui de la fin de la stabilisation capitaliste à la crise révolutionnaire, ce qui détermine une autre perspective de développement du fascisme et du mouvement révolutionnaire mondial des travailleurs.
Quand la bourgeoisie met en oeuvre une terreur féroce pour écraser le mouvement révolutionnaire, cela ne peut, dans les conditions d’ébranlement du capitalisme, effrayer longtemps les couches avancées des travailleurs et les empêcher de passer à des luttes actives. L’indignation provoquée par cette terreur, même chez la majorité des ouvriers qui ont suivi la social-démocratie, les rend encore plus sensibles à l’agitation et à la propagande communistes. Lorsque la bourgeoisie réorganise sur la forme fasciste sa dictature chancelante pour créer un pouvoir solide, cela conduit dans les conditions actuelles au renforcement, non seulement de sa terreur de classe, mais aussi des éléments de désorganisation de son pouvoir, la destruction de l’autorité de la légalité bourgeoise aux yeux des larges masses, à l’accroissement des frictions intérieures dans le camp de la bourgeoisie et à la désagrégation accélérée de son principal soutien social, la social-démocratie. Enfin, lorsque la bourgeoisie s’efforce, au moyen d’une politique agressive et guerrière, de consolider sa situation extérieure, elle renforce à l’extrême les contradictions internationales et partant les dangers qu’elles engendrent pour le capitalisme.
6. Ce serait donc une erreur opportuniste de droite de ne pas voir maintenant les tendances objectives de la crise révolutionnaire qui mûrit rapidement dans le monde capitaliste. Mais l’existence et l’action de ces tendances économiques et politiques ne signifient nullement que le développement révolutionnaire progresse “de lui-même”, ou se poursuit sans obstacles, sans résistance des forces contraires. Le développement révolutionnaire est à la fois entravé et accéléré par la furie fasciste de la bourgeoisie. C’est de la volonté de lutte de la majorité de la classe ouvrière, du succès de l’action des partis communistes en vue de saper l’influence de la social-démocratie dans les masses, que dépend le moment où le prolétariat renversera la domination du capitalisme banqueroutier.
À l’heure actuelle, dans les conditions de la formidable tension des forces de classes antagonistes, l’accroissement du mouvement révolutionnaire des masses dans chaque pays capitaliste peut encore moins que précédemment avoir un caractère constant ou régulier. En Chine, c’est la guerre, l’intervention et la révolution. Au Japon, c’est la croissance des forces de la révolution et la mobilisation des forces militaires, fascistes à la veille de grands combats de classe. En Espagne, c’est la révolution et la contre-révolution aux prisés. Aux États‑Unis, c’est la vague de grèves ouvrières de masse et l’indignation des fermiers contre le programme bourgeois de solution de la crise. En Allemagne, la haine révolutionnaire du prolétariat s’accroît à l’heure actuelle sous des formes moins ouvertes; l’énergie révolutionnaire des masses s’y accumule dans des proportions colossales et déjà une nouvelle poussée révolutionnaire y commence. La tension de la situation en Allemagne aggrave extraordinairement les rapports de classe dans les pays voisins, en Tchécoslovaquie, en Autriche, dans les Pays baltes et scandinaves, en Hollande, en Belgique, en Suisse. En Pologne, ce sont des grèves ouvrières de masse, accompagnées d’importantes actions révolutionnaires dans les villages. En Bulgarie, malgré la terreur, la majorité de la classe ouvrière marche en bloc derrière le Parti communiste. En Roumanie, la grande grève des cheminots[8] s’est déroulée avec des combats de barricades.
En même temps, la principale citadelle du prolétariat mondial, la puissante Union soviétique, pays de la classe ouvrière victorieuse, surmontant cette année les dernières difficultés économiques, élevant le bien-être des masses laborieuses à un degré supérieur, anime par ses grandes victoires socialistes les travailleurs de tous les pays dans leur lutte révolutionnaire.
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Les contradictions insolubles et les plus profondes du capitalisme sapent déjà ses fondements. La crise économique mondiale enchevêtrée de la façon la plus étroite avec la crise générale du capitalisme, aggrave toutes les contradictions fondamentales du monde capitaliste à un tel point qu’à chaque instant on peut s’attendre à un revirement qui marquera la transformation de la crise économique en crise révolutionnaire. Et c’est la grande tâche du prolétariat international de transformer cette crise au monde capitaliste en victoire de la révolution prolétarienne.
II. La préparation impérialiste de la nouvelle guerre mondiale
L’incertitude croissante de la bourgeoisie à trouver la solution de la crise uniquement dans la possibilité de renforcement de l’exploitation des travailleurs de son propre pays, pousse les impérialistes à faire de la guerre leur principal enjeu. La situation internationale rappelle par son caractère la veillée d’une nouvelle guerre mondiale.
1. L’incendie d’une nouvelle guerre mondiale est attisé dans l’océan Pacifique. Les cliques militaires du Japon, fouettées par la crise intérieure profonde que traverse la monarchie des bourgeois et des hobereaux, continuent une guerre de conquête contre la Chine et, ayant soumis, avec l’aide du Kuomintang[9], la Chine du Nord, elles préparent l’agression contre la République populaire de Mongolie. L’impérialisme anglais tend ses griffes vers les provinces sud-ouest de la Chine, vers le Thibet, le Setchouen; l’impérialisme français vers le Yunnan. La clique militaire fasciste du Japon intervient à coups de bélier contre la révolution anti-impérialiste et agraire en Chine. Les impérialismes américain, japonais et anglais soutiennent le Kuomintang dans sa sixième offensive contre l’unique pouvoir populaire en Chine, contre les Soviets chinois. La victoire de la révolution soviétique en Chine, la guerre de partisans en Mandchourie, le développement croissant des forces de la révolution au Japon, le mouvement d’affranchissement des peuples coloniaux créent un nouveau front à l’arrière des impérialistes. La révolution soviétique en Chine est devenue un puissant facteur de la révolution mondiale.
2. La clique militaire japonaise essaye de s’entendre avec les fascistes allemands et les impérialistes anglais en vue du déclenchement d’une guerre contre-révolutionnaire contre l’U.R.S.S. à l’Est et à l’Ouest. Menant une politique de provocations ininterrompues contre l’U.R.S.S., préméditant le rapt des territoires soviétiques, la clique militaire fasciste du Japon intervient en tant qu’initiateur de cette guerre contre-révolutionnaire contre le pays des Soviets. En même temps, le fascisme allemand, intriguant avec les impérialismes britannique, italien et polonais (pourparlers entre l’Allemagne et la Pologne[10]), invite la bourgeoisie internationale à acheter les lansquenets nationaux-socialistes pour la guerre contre l’U.R.S.S. Les impérialistes anglais remplacent en ce moment les Français dans le rôle de principaux organisateurs de la guerre antisoviétique.
L’Union soviétique a remporté des succès considérables par sa politique ferme et inlassable de paix dans l’intérêt de tous les travailleurs (pactes de non‑agression, nouvelles reconnaissances, définition de l’agresseur, abrogation contrainte de l’embargo anglais). Le pays des Soviets est l’unique rempart de la paix et de l’indépendance pour les États faibles contre l’agression des requins impérialistes. Par sa politique prolétarienne, il acquiert de plus en plus la confiance des travailleurs du monde entier et des peuples opprimés. En contenant par le développement puissant de ses forces le déclenchement d’une nouvelle guerre, l’U.R.S.S. provoque contre elle une nouvelle vague de fureur de la part des groupes impérialistes les plus réactionnaires et les plus agressifs.
3. Le gouvernement fasciste d’Allemagne, principal instigateur de guerre en Europe, provoque le trouble à Dantzig[11], en Autriche, dans la Sarre, dans les Pays, baltes et scandinaves, et tend, sous le drapeau de la lutte contre le traité de Versailles, à former un bloc pour un nouveau remaniement sanglant de l’Europe dans l’intérêt de l’impérialisme allemand. Autour des principaux objectifs des contradictions impérialistes, s’opèrent fébrilement des regroupements de nouveaux blocs ayant à leur tête tantôt la France, tantôt l’Italie, avec l’Angleterre, qui intrigue derrière. L’Europe est devenue une poudrière qui peut exploser à tout moment.
Les impérialismes anglais et américain, mettant à profit la situation alarmante de veillée de guerre en Europe et les événements d’Extrême Orient, renforcent les préparatifs d’une collision impérialiste décisive pour l’hégémonie mondiale dans l’océan Atlantique et dans le Pacifique.
4. Dans cette situation, la social-démocratie ne recule devant rien pour soutenir les intérêts impérialistes de sa bourgeoisie, servant ainsi contre l’U.R.S.S. les intérêts du capital international.
La social-démocratie et les leaders syndicaux japonais proclament avec le général Araki[12] la mission civilisatrice de l’impérialisme japonais en Asie et justifient par “les intérêts du socialisme” l’occupation de brigandage de la Chine, par leur bourgeoisie. En Angleterre, les nationaux- travaillistes, de pair avec les conservateurs, réalisent la politique de rapine de l’impérialisme anglais; le parti travailliste, en trompant les ouvriers par une pseudo-opposition au gouvernement, aspire aux sièges ministériels afin de continuer, dans le fond, la même politique impérialiste. Les socialistes français (de même que ceux de Tchécoslovaquie, de Pologne, etc.), réalisant “l’union sacrée de la nation”, se couvrant du mot d’ordre de “défense de la démocratie” et de la “défense contre le fascisme allemand”, collaborent ouvertement aux préparatifs de guerre contre l’Allemagne. La social-démocratie allemande a ouvertement voté an Reichstag pour le front national du fascisme allemand qui prépare une aventure militaire[13].
En même temps, la 2e Internationale et celle d’Amsterdam[14] adaptent leur politique à cette ambiance de pré-guerre, s’efforçant de répondre aux intérêts de la bourgeoisie et faisant en sorte que le coup principal soit dirigé contre l’U.R.S.S. Elles se retranchent hypocritement derrière leur volonté de “répondre à la guerre par la grève générale et le boycottage”, mais elles déclarent à l’avance qu’elles interviendront seulement contre l’État déclaré agresseur par la Société des nations. Tout en affectant de préconiser le boycottage des marchandises de l’Allemagne fasciste, les organisations de la 2e Internationale et d’Amsterdam font poursuivre et condamner les ouvriers qui appliquent réellement ce boycottage. Sous les mots d’ordre de pacifisme, de lutte contre la guerre et le fascisme, elles agissent comme les initiateurs de la préparation de l’opinion publique dans les pays capitalistes en vue de la guerre contre-révolutionnaire contre l’U.R.S.S.
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La bourgeoisie veut retarder l’écroulement du capitalisme en déclenchant une guerre impérialiste criminelle et une croisade contre-révolutionnaire contre le pays du socialisme victorieux. La grande tâche historique du communisme international est de mobiliser les plus larges masses contre la guerre, bien avant sa déclaration, et d’accélérer ainsi la chute du capitalisme. Seule la lutte bolchévik avant la guerre, pour la victoire de la révolution, peut assurer la victoire de la révolution en cas de guerre.
III. Les tâches des partis communistes
Dans les conditions de maturation de la crise révolutionnaire mondiale, au moment où la bourgeoisie tente, dans l’intérêt du renforcement de sa dictature, de détourner l’effervescence, le mécontentement et l’indignation des masses dans la voie de la fascisation et de la guerre, la tâche principale des communistes est de diriger le mouvement de masse dans la lutte pour le renversement de la dictature des classes exploiteuses.
a) La lutte contre l’idéologie fasciste
Les communistes doivent:
Mener dans chaque pays une campagne concrète et quotidienne pour dénoncer aux masses le chauvinisme, en lui opposant l’internationalisme prolétarien.
Intervenir résolument dans les métropoles impérialistes pour l’indépendance des colonies, pour la libération de toute oppression nationale des peuplés asservis; dans les principaux centres des antagonismes nationaux, les communistes doivent lutter contre toute violence et occupation impérialistes, pour le droit de libre disposition (Haute-Silésie, Sarre, Bohème du Nord, etc.), en se dressant dans ces régions, de même qu’en Autriche et à Dantzig, contre le chauvinisme de leur bourgeoisie nationale et contre le rattachement au "3e Empire" des tortionnaires fascistes allemands.
Populariser largement la solution de la question nationale en U.R.S.S. et les succès culturels, sociaux et économiques grandioses remportés par les peuples libérés par la révolution d’Octobre.
b) Lutte contre la fascisation du pouvoir de la bourgeoisie et contre la guerre
Dans la lutte contre la fascisation des pays soi-disant “démocratiques”, les Partis communistes doivent, avant tout, rejeter toute orientation fataliste et défaitiste envisageant la dictature fasciste et les guerres impérialistes comme inévitables, ainsi que la sous-estimation opportuniste du rythme de fascisation et de menace de guerres impérialistes. Cette orientation et cette sous-estimation vouent les partis communistes à la passivité.
En expliquant minutieusement quel asservissement économique et politique apporte aux travailleurs la dictature fasciste, en montrant aux masses que les fascistes ne sont pas des réalisateurs du socialisme, ni des artisans d’un nouvel ordre social, mais des valets serviles du Capital, les communistes doivent:
Dresser en temps voulu les masses pour la défense des syndicats, de la presse ouvrière, des maisons ouvrières, pour la liberté de grève, de réunions ouvrières, en organisant les protestations, les manifestations, les grèves et en créant des groupes d’autodéfense de combat pour résister aux bandes terroristes.
Dans la lutte contre la dictature fasciste, les communistes doivent:
a) Dresser les masses des ouvriers, des paysans, de tous les travailleurs des villes trompés, contre la dictature fasciste. Cette action doit partir de la défense des intérêts économiques et politiques quotidiens des travailleurs en démasquant la démagogie et toutes les provocations fascistes (incendie du Reichstag, élections frauduleuses, etc.), en développant les grèves et en amenant le prolétariat aux grèves politiques de masse;
b) Pénétrer dans toutes les organisations fascistes de masse. Mener également un travail révolutionnaire dans les camps de travail forcé. Combattant l’abandon individuel des syndicats fascistes par les ouvriers révolutionnaires, sans toutefois, inviter les ouvriers à y adhérer, les communistes doivent mettre à profit tous les mouvements de masse, ainsi que toute manifestation du mécontentement de masse dans les syndicats fascistes pour créer des syndicats indépendants de classe et les renforcer tout en continuant l’action révolutionnaire au sein des organisations fascistes.
c) Démasquer devant les paysans, par des exemples concrets de leurs propres exploitations agricoles, la politique que le fascisme poursuit dans l’intérêt des grands propriétaires fonciers et des gros paysans; tout en pénétrant dans les organisations fascistes de masse à la campagne, afin d’en arracher les paysans travailleurs, organiser le prolétariat agricole dans les syndicats indépendants, principal levier du travail à la campagne.
Luttant contre la guerre, les communistes doivent; tout en préparant dès à présent la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile, concentrer leurs efforts dans chaque pays sur les objectifs fondamentaux de la machine de guerre de l’impérialisme.
En plus du renforcement de l’agitation, l’organisation pratique des actions de masse (intensifier le travail parmi les cheminots, les marins, les ouvriers des ports, empêcher l’expédition d’armés et le départ des troupes, s’opposer à l’exécution des commandes pour les pays belligérants, manifester contre les manoeuvres militaires, etc.), les partis communistes doivent à tout prix aboutir à un renforcement du travail d’éducation politique dans l’armée et la marine.
La XIIIe Assemblée plénière du C.E. de l’I.C. invite toutes les sections de l’Internationale communiste, tous les ouvriers et travailleurs du monde à défendre l’U.R.S.S. avec abnégation contre le complot contre-révolutionnaire des impérialistes, à défendre la révolution chinoise et son pouvoir soviétique contre l’intervention impérialiste.
c) Contre la social-démocratie, pour le front unique par en bas
Dans la lutte contre la social-démocratie, les communistes doivent montrer aux ouvriers que la nouvelle faillite des sociaux-démocrates et de la 2e Internationale était historiquement inévitable. En démasquant minutieusement et en réfutant, devant les masses, les sophismes hypocrites et traîtres de la social-démocratie, les communistes doivent attirer, les ouvriers sociaux-démocrates à la lutte révolutionnaire active sous la direction du Parti communiste.
La 13e Assemblée plénière du C.E. de l’I.C. approuve entièrement l’appel du Présidium du C.E. de l’I.C. sur le front unique et la position du secrétariat politique du C.E. de l’I.C. dans la correspondance échangée avec l’Independent Labour Party d’Angleterre. La social-démocratie, qui a scindé la classe ouvrière par sa trahison lors de la guerre impérialiste et de la Révolution d’Octobre, a, en vertu des directives de la 2e Internationale, rejeté dans tous les pays les propositions des Partis communistes en vue d’actions communes de classe; elle a saboté le mouvement d’unité antifasciste et antiguerre organisé à Amsterdam et à Paris[15] en s’efforçant d’approfondir la scission du prolétariat en face du fascisme et de la guerre.
La 13e Assemblée plénière invite toutes les sections de l’Internationale communiste à lutter avec ténacité, en dépit des chefs traîtres de la social-démocratie et contre eux, pour la réalisation du front unique de lutte avec les ouvriers social-démocrates.
L’Assemblée plénière approuve entièrement la résolution du Présidium du C.E. de l’I.C. du 1er avril 1933 sur la situation en Allemagne[16] et la ligne politique suivie par le comité central du P.C. allemand avec le camarade Thaelmann à sa tête, avant et au moment du coup d’État fasciste. L’Assemblée plénière constate la lutte héroïque et bolchévik menée par le Parti communiste allemand contre la dictature fasciste.
d) Les tâches du travail de masse et la consolidation des partis communistes
L’application de ces tâches primordiales exige une réorganisation effective de tout le travail de masse des partis communistes, surtout dans les entreprises et les syndicats, travail qui est toujours un des secteurs les plus faibles. Dans les conditions d’effervescence considérable des travailleurs, les communistes ont pour devoir, en tenant compte attentivement de l’état d’esprit des masses, de formuler les mots d’ordre et les revendications de telle façon qu’ils aient pour point de départ le niveau actuel du mouvement et indiquent en même temps aux ouvriers: le chemin de l’issue révolutionnaire. Cela signifie:
a) Orienter le contenu et le langage de l’agitation et de la presse vers les larges couches du prolétariat et des travailleurs en montrant, tant dans l’agitation que dans les actions de masse (manifestations, grèves et autres actions de masse) le visage des partis communistes.
b) Obtenir dans les délais les plus brefs un revirement décisif de l’action dans les entreprises, en concentrant les forces des organisations du Parti sur les entreprises décisives et en élevant le niveau politique de direction de la lutte de classe quotidienne, par les cellules d’usine.
c) En finir avec la négligence opportuniste, capitularde, envers le travail syndical, et notamment envers le travail dans les syndicats réformistes et les syndicats fascistes et chrétiens de masse, conformément aux directives de la 12e Assemblée plénière du C:E. de l’I.C. sur le travail dans les syndicats.
d) Déployer effectivement le travail de masse parmi les chômeurs, en menant une lutte inlassable pour les assurances sociales, pour l’institution de toutes formes de secours par les municipalités.
e) Intensifier le travail révolutionnaire à la campagne, en opposant au mot d’ordre des grands propriétaires fonciers et des gros paysans de “l’unité au village”, les mots d’ordre de classe des travailleurs et le programme agraire de la révolution soviétique; développer la lutte pour toutes les revendications partielles de la paysannerie en se dressant en même temps contre les revendications koulaks, contraires aux intérêts du prolétariat et des paysans pauvres; en créant des points d’appui (syndicats d’ouvriers agricoles, comités paysans) parmi les ouvriers agricoles, les paysans pauvres et les éléments semi-prolétariens de la campagne, conquérir les principales masses, de la petite et moyenne paysannerie;
f) Intensifier le travail de masse parmi les femmes, en même temps éduquer et pousser des maintenant aux postes de direction aux différents échelons les militantes activés susceptibles de remplacer en cas de guerre, dans divers cas, les camarades mobilisés.
g) En finir avec le repli sur soi-même des Jeunesses communistes; les tourner réellement vers les masses de la Jeunesse ouvrière pour la lutte contre le système de fascisation et de militarisation forcée instauré par l’État. Les partis communistes sont tenus d’apporter tout leur appui aux Jeunesses communistes pour développer le travail au sein des organisations bourgeoises et réformistes de masse de jeunes (culturelles, sportives et autres) et pour créer des cellules des Jeunesses communistes dans les entreprises.
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La 13e Assemblée plénière du C.E. de l’I.C. pose à tous les Partis communistes comme tâches les plus importantes le contrôle courant et permanent de l’exécution des décisions, en particulier de celles relatives au travail de masse, la consolidation d’organisation de leurs rangs, la préparation à l’illégalité, l’accroissement de la discipline et de la capacité de combat de chaque organisation et de chaque membre du Parti.
Toute la situation actuelle exige des Partis communistes une préparation à temps des cadres en vue de l’illégalité, l’organisation sérieuse de la lutte contre la provocation, l’association des méthodes de la conspiration la plus stricte avec l’établissement des liaisons les plus étroites avec les masses, en surmontant le schématisme dans la structure et dans le travail de l’organisation illégale elle-même.
Seule la concentration de tous les efforts des organisations du Parti pour la constitution de cellules illégales dans les entreprises et le renforcement de l’activité des fractions communistes dans toutes les organisations de masse peuvent assurer la liaison avec les masses ainsi que la conspiration maximum et son efficacité.
Les communistes doivent, en réalisant toutes ces tâches, mettre à profit toutes les possibilités légales pour déployer le travail de masse et combiner le travail légal avec le travail illégal.
La 13e Assemblée plénière appelle toutes les sections de l’I.C. à extirper impitoyablement l’opportunisme sous toutes ses formes et, en premier lieu, l’opportunisme de droite (Gutmann[17], Remmele[18], Neumann[19] et les défaitistes des autres pays dans l’appréciation des perspectives de la révolution allemande). Sans quoi, les partis communistes ne pourront conduire les masses ouvrières aux batailles victorieuses pour le pouvoir des Soviets.
e) Pour l’issue révolutionnaire de la crise, pour le pouvoir soviétique
1. Les partis communistes doivent poser résolument aux masses le problème de l’issue révolutionnaire de la crise du capitalisme.
Contrairement aux recettes des charlatans fascistes et social-fascistes s’efforçant de sauver le capitalisme pourrissant sur pied, les communistes doivent montrer aux masses que les maux du capitalisme sont incurables. C’est pourquoi les communistes doivent, en défendant par tous les moyens les revendications quotidiennes des travailleurs, révéler inlassablement aux masses qui souffrent de la famine et de l’exploitation, toute la vérité sur leur situation catastrophique qui, sous les coups de l’offensive continue du capital, s’aggravera encore plus tant que les travailleurs ne réussiront pas à rassembler leurs forces pour riposter à l’attaque et’ abattre la domination bourgeoise.
Il n’y a pas d’autre issue à la crise générale du capitalisme que celle indiquée par la révolution d’Octobre: le renversement des classes exploiteuses par le prolétariat, la confiscation des banques, des fabriques, des usines, des mines, des transports, des immeubles de rapport, des stocks de marchandises des capitalistes et des terres des grands propriétaires fonciers, de l’Église et des dynasties.
2. L’exemple vivant du grand pays des Soviets, il est indispensable de le populariser avec force et de l’expliquer aux travailleurs et aux exploités de tous les pays capitalistes. Il faut montrer comment l’économie soviétique, libérée de l’anarchie et des crises du capitalisme, est capable de développer sans obstacle les forces productives selon les principes d’un plan socialiste, comment les ouvriers et tous les travailleurs du pays des Soviets sont foncièrement intéressés à ce développement et à son allure rapide, comment l’État soviétique prolétarien, à la fois organisation du pouvoir prolétarien et organisation productrice dominante de la société, accroît constamment la richesse publique et, par cela même, le bien-être de tous les travailleurs, alors que tout État bourgeois devenant de plus en plus un parasite économique et social, dévore et épuise les forces économiques du peuple.
Sur la base de l’expérience des grandes victoires des ouvriers et des kolkhoziens soviétiques sur tous les fronts de la lutte de classe et de l’édification socialiste et en tenant compte des conditions particulières des différents pays, il est nécessaire de développer devant les travailleurs de chaque pays le programme de ce que leur donnera le système soviétique dans leur propre pays. En outre, il faut particulièrement souligner la liquidation du chômage et de l’incertitude du lendemain dans le système soviétique, l’amélioration constante des conditions de travail et de l’assurance sociale avec une réduction de la journée de travail; la libération des travailleurs ruraux de toutes les survivances du féodalisme, de tout asservissement, l’attribution des terres aux paysans en possédant peu ou pas, le soutien aux paysans pauvres, l’aide aux coopératives paysannes et aux kolkhoz, les plus larges possibilités et perspectives pour le développement culturel de la jeunesse ouvrière et de tous les travailleurs, etc.
Le pouvoir soviétique dont le fondement est l’organisation de masse des ouvriers et de semi-prolétaires offre la possibilité d’une large et réelle démocratie des masses travailleuses, autrefois opprimées par le capitalisme.
Le pouvoir des Soviets est la forme d’État de la dictature du prolétariat.
Le pouvoir des Soviets est la forme d’État de la dictature démocratique révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie, forme qui assure la transformation de la révolution bourgeoise démocratique en révolution socialiste (Chine, etc.). C’est la démocratie pour les travailleurs, mais la dictature rigoureuse sur les exploiteurs.
3. Les partis communistes doivent poser avec insistance dans tout leur travail de masse, la question du pouvoir.
Le principal mot d’ordre de l’Internationale communiste est le pouvoir des Soviets.
L’exemple de l’U.R.S.S., c’est l’exemple du bolchévisme. Seul cet exemple indique l’issu et le salut aux exploités et aux opprimés de tous les pays impérialistes et coloniaux.
L’exemple du bolchevisme, c’est l’exemple de l’internationalisme prolétarien. La victoire de la révolution socialiste n’est possible qu’au moyen de la consolidation des liens internationaux du prolétariat révolutionnaire. La voie du bolchevisme est celle de l’union des forces prolétariennes de toutes les nationalités et de toutes les races, c’est la voie de leur lutte commune, coude à coude avec le prolétariat soviétique, contre les oppresseurs et les exploiteurs.
L’Assemblée plénière du C.E. de l’I.C. fait un devoir à toutes les sections de l’Internationale communiste d’être prêtes à chaque tournant des événements et sans perdre un instant, de tendre toutes leurs forces pour la préparation révolutionnaire du prolétariat en vue des prochaines batailles décisives pour le pouvoir.
Notes
[1]. [321ignition] Les annotations sont formulées par nous en tenant compte d’éventuelles notes figurant dans la source.
[2]. Le 12e Plenum du Comité exécutif de l’Internationale communiste se tient du 27 aout au 15 septembre 1932.
[3]. Józef Piłsudski.
Piłsudski, au début de la Première guerre mondiale, commande une brigade polonaise au sein de l’armée austro-hongroise, mais ensuite il prend le parti des puissances alliées adverses. Il proclame la République à Varsovie le 11 novembre 1918, et est confirmé dans les fonctions de chef de l’État par la Diète constituante. En 1923 il se retire de la vie publique, mais le 12 mai 1926 il s’installe à la tête du pouvoir par un coup d’état. Cumulant les fonctions de chef de l’État, de Premier ministre et de ministre de la Guerre, il établit son pouvoir personnel; il conserve certaines apparences d’une démocratie parlementaire mais gouverne de façon autoritaire. En octobre 1927 plusieurs petits partis, groupes conservateurs et catholiques, des représentants de l’industrie, des fractions issus du Parti socialiste polonais (Polska Partia socjalistyczna, PPS) et des partis paysans, des associations professionnelles, sociales et culturelles, et de nombreux individus, fusionnent en une organisation appelée Bloc non-partisan pour la coopération avec le gouvernement (Bezpartyjny Blok Współpracy z rządem, BBWr); ce bloc fait la promotion d’un programme “d’assainissement” (en polonais: “sanacja”) de la vie politique. En 1930 une junte militaire assume le gouvernement, les dirigeants des partis d’opposition son arrêtés. Piłsudski décède en 1935.
[4]. Le régime instauré en Italie par le Parti national fasciste.
Le 28 octobre 1922 les fascistes italiens organisent la “marche sur Rome”, une démonstration de force qui a pour résultat, le 30, la formation d’un gouvernement dirigé par Benito Mussolini. Auparavant, celui-ci avait fondé le Parti national fasciste (Partito Nazionale Fascista, PNF) en novembre 1921, et en juin 1922, des syndicats fascistes s’étaient constitués en se réunissent en une Confédération générale des syndicats nationaux. La répression policière frappe certes les communistes. Néanmoins, après une vague d’arrestations en février 1923, leurs procès se terminent, en octobre, par l’acquittement. En définitive, entre janvier 1925 et mars 1929, Mussolini met peu à peu en place une dictature qui s’appuie sur un état aux prérogatives étendues, incarné par son chef (Il Duce). Sur la base de la loi de décembre 1925, celui-ci est uniquement et personnellement responsable devant le roi. À compter de janvier 1926, l’exécutif légifère sans restriction, par décrets-lois. En novembre 1926, après une tentative d’assassinat contre Mussolini, les "lois de défense de l’État" ("leggi per la difesa dello Stato") suppriment la liberté de presse, interdisent les partis politiques autres que le PNF, réorganisent la police sous le contrôle de l’Organisation de surveillance et de répression de l’antifascisme (Organizzazione di vigilanza e repressione dell’antifascismo, OVRA) et créent un Tribunal spécial de protection de l’État (Tribunale Speciale per la Difesa dello Stato). Ainsi l’État va de pair avec un parti unique, subordonné à un Grand Conseil du Fascisme (Gran Consiglio del Fascismo), qui choisit les candidats aux élections législatives et peut en présenter au poste de chef de gouvernement en cas de vacance du pouvoir (lois de 1928). À compter de 1929, le PNF est partie intégrante des institutions; la Chambre des députés, si elle est maintenue jusqu’en 1938, lui est de fait subordonnée.
[5]. En Allemagne, le 13 mars 1932, se tiennent des élections présidentielles. Le 26 février, le SPD publie un appel à ce sujet.
[http://histmove.ouvaton.org/pag/chr/pag_009/fr/chro_1932_01_04.htm]
Battez Hitler!
Au Parti! Camarades!
La tentative de la droite de conquérir le pouvoir gouvernemental au Reichstag, a échoué. Repousser leur assaut sur la présidence du Reich et la tâche suivante.
Le 13 mars, le choix porte sur quatre candidats: Hitler, Duesterberg, Hindenburg et Thälmann. Parmi ces candidatures, seules deux sont sérieuses: Hitler et Hindenburg.
Le 13 mars le peuple Allemand est placé devant la question si Hindenburg doit rester ou s’il doit être remplacé par Hitler. […]
Contre Hitler! Voilà la consigne du 13 mars. Il n’y a pas de faux-fuyant!
Le Parti social-démocrate ne veut pas obscurcir la clarté de cette décision. C’est pourquoi il a renoncé à présenter une candidature pour le premier tour, qui aurait eu pour but de compter les voix. […]
Chaque voix qui est donnée contre Hindenburg, est une voix pour Hitler.
Chaque voix qui est arrachée à Thälmann et dirigée vers Hindenburg, est un coup contre Hitler!
Les communistes, qui font la propagande pour Thälmann, […] luttent pour la partie la plus réactionnaire de la bourgeoisie, contre les parties plus progressistes de la bourgeoisie et contre la classe ouvrière. […]
[6]. Internationale socialiste.
En 1864 est constituée à Londres l’“Association internationale des travailleurs”, à laquelle Karl Marx et Friedrich Engels participent activement; elle est dissoute par décision de son assemblée générale tenue à Philadelphie en 1876. En 1889 se tient un congrès ouvrier international à Paris. La coordination ainsi établie entre partis d’orientation marxiste est désignée couramment comme “Deuxième Internationale”. Dans un premier temps, aucune structure organisationnelle particulière n’est mise en place, en dehors de la convocation de congrès. En 1900 est constitué un Bureau socialiste international, ainsi qu’un comité exécutif chargé des affaires courantes, avec siège à Bruxelles.
Les 14 et 15 février 1915 se tient à Londres une conférence des partis socialistes des pays alliés. Le nombre de délégués s’élève à 46. La France est représentée de la façon suivante: pour le Parti socialiste Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) Alexandre Desrousseaux dit Bracke, Adéodat Compère-Morel, Marcel Cachin, Jean Longuet, Marcel Sembat, Pierre Renaudel, Edouard Vaillant, Louis Dubreuilh, Ernest Poisson, Braemer; pour la Confédération générale du travail Léon Jouhaux, Alexandre Luquet, Moulinier, Albert Bourderon et Alphonse Merrheim. La Grande Bretagne est représentée entre autres par Arthur Henderson, Ramsay Macdonald, Keir Hardie, William Anderson, Bruce Glasier; la Belgique est représentée notamment par Émile Vandervelde et Camille Huysmans; pour la Russie participent entre autres Ivan M. Maisky du Parti ouvrier social-démocrate – menchévik), Viktor M. Černov et Ilja A. Rubanovič du Parti des socialistes-révolutionnaires, etc.
Après la 1e guerre mondiale se tient d’abord en février 1919 une conférence à Bern, puis en aout 1920 à Genève la 2e Internationale est reconstituée avec la participation d’un nombre réduit de partis. Elle établit son siège à Londres.
Un certain nombre d’autres partis constituent en février 1921 à Vienne en Autriche la “Communauté internationale de travail de partis socialistes”. Friedrich Adler et Otto Bauer jouent un rôle important. Officiellement l’organisation est désignée aussi comme “Internationale de Vienne”, mais elle est couramment nommée “Internationale 2 ½”.
En mai 1923 durant un congrès tenu à Hambourg cette Internationale et la 2e Internationale créent en commun l’“Internationale ouvrière socialiste”.
[8]. En Roumanie, le 3 février 1933, environ 5000 travailleurs des ateliers des chemins de fer à Bucarest, se mettent en grève.
Ils demandent la formation d’un conseil ouvrier, une augmentation des salaires de 40 %, l’arrêt des licenciements ainsi que la réintégration des travailleurs licenciés durant la période récente. Au même moment, des mouvements visant à l’établissement de conseils ouvriers se produisent également dans la région pétrolière de Ploieşti. Le gouvernement fait voter au parlement une loi l’autorisant durant une période de six mois à instaurer l’état de siège total ou partiel. Treize travailleurs sont arrêtés, les grévistes occupent les ateliers, exigent la levée de l’état d’urgence et la légalisation des organisations communistes ainsi que des conseils ouvriers. Le gouvernement fait intervenir des forces armées qui ouvrent le feu. Il y a des morts et des blessés graves des deux côtés, les travailleurs sont contraints d’abandonner le mouvement le 15 février.
[9]. Guomindang ou Kuomintang ("Parti nationaliste")
Au cours de l’année 1911, l’Alliance révolutionnaire (Zhongguo geming Tongmenghui, c’est‑à‑dire Ligue révolutionnaire unie de Chine, ou simplement Tongmenghui), fondée par Sun Yìxian (Sun Yat‑sen) en 1905, intervient activement pour développer l’agitation, qui se dirige contre le régime impérial et amène l’effondrement de celui‑ci. Le 29 décembre, des représentants des diverses provinces choisissent Sun Yìxian comme président de la République. En février 1912 Yuan Shikai, chargé par la Cour de réprimer les révoltes, obtient l’abdication du jeune empereur Puyi; une Assemblée réunie à Nanjing (Nanking) désigne Yuan Shikai comme président de la République. La Tongmenghui est transformée en Guomindang, qui formule comme programme les “Trois Principes du peuple”: nationalisme, démocratie, bienêtre *. Cependant en 1913 des soulèvements provoquent la dissolution du Guomindang par le régime. En 1914 le Japon s’empare des concessions allemandes en Chine (Qingdao, dans la province Shandong) et en 1915 impose à la Chine son protectorat. Yuan Shikai décède en 1916, la Chine entre alors dans une longue période de luttes entre les chefs républicains et les généraux. En Chine du Nord les dujun ("seigneurs de la guerre") rivaux, Zhang Zuolin, gouverneur de Mandchourie, Cao Kun, gouverneur du Zhili (correspondant approximativement à la province actuelle Hebei), etc., s’opposent dans des conflits armées qui se poursuivront jusqu’en 1927.
En 1921 est créé à Shanghai le Parti communiste chinois (PCC), qui adhère à l’Internationale communiste l’année suivante. En 1922 Sun Yìxian est porté à Guangzhou (Canton) à la présidence de la République. Il se donne pour objectif la reconquête de toute la Chine du Sud et la prise de Beijing (Pékin), face aux deux factions ennemis, dont l’une soutenue par le Japon, l’autre par la Grande‑Bretagne. À partir de 1923‑1924 il obtient le soutien de l’U.R.S.S. et le Guomindang accepte le principe d’un front uni impliquant l’intégration des communistes en son sein. Après la mort de Sun Yìxian en 1925, s’opère une scission au sein du Guomindang entre, d’une part, une fraction autour de Wang Jingwei et Song Qingling (veuve de Sun Yìxian) et, d’autre part, celle dirigée par Jiang Jieshi (Chiang Kai‑shek). En 1926 Jiang Jieshi l’emporte et exclut les communistes des organes dirigeants. Il organise une “expédition vers le Nord” dans l’objectif de reconquérir les provinces tenues par les divers gouverneurs. Le 12 avril 1927 un soulèvement des travailleurs de Shanghai, animé par le PCC, est réprimé par l’armée de Jiang Jieshi, le massacre fait des milliers de victimes. Nanjing devient le siège du gouvernement du Guomintang de Jiang Jieshi. Les communistes sont privés de leurs bases urbaines, Mao Zedong, Zhou Enlai et Zhu De rassemblent des troupes pour former une armée populaire de libération qui se regroupe dans les montagnes du Hunan puis du Jiangxi. En 1928 Jiang Jieshi marche vers le nord et entre en juin à Beijing, qui est déclaré capitale.
En novembre 1931 est créé une République soviétique chinoise (capitale Ruijin au Jiangxi). En septembre de la même année les Japonais occupent la Mandchourie qui l’année suivante devient le Mandchoukouo, État prétendument indépendant, placé sous l’autorité de Puyi, dernier empereur mandchou. (Cf. note 12 ►.)
* “Trois Principes du peuple” (en chinois “Sanmin zhuyi”, “min” signifie peuple, citoyen): nation (minzu), démocratie (minquan), bienêtre (minsheng).
[10]. Dantzig.
Incorporée à l’État prussien en 1815, la ville de Dantzig (aujourd’hui Gdansk) devient avec le traité de Versailles (1919), le centre de la "ville libre de Dantzig", territoire doté d’un statut international sous mandat de la Société des Nations. La Prusse orientale est alors séparée du reste de l’Allemagne par ce qu’on appelle le "couloir" ou "corridor" de Dantzig. L’accord de Varsovie du 24 octobre 1921 limite la souveraineté du territoire au profit de la Pologne. Après la prise du pouvoir par les national-socialistes, le gouvernement polonais entame des entretiens exploratoires avec Hitler, notamment au sujet de Dantzig. En avril 1933, les national-socialistes obtiennent la majorité à la Diète de Dantzig. Le 5 aout 1933, un accord est conclu entre la Pologne et les autorités de Dantzig. Les négociations bilatérales consécutives se caractérisent par l’exclusion de représentants de la Société des Nations, tandis que le régime national-socialiste met en sourdine les prises de positions hostiles à la Pologne à ce sujet. Parallèlement, des représentants de l’Allemagne explorent auprès de la Grande-Bretagne des possibilités du rattachement direct de Dantzig à l’Allemagne en échange d’une compensation territoriale de la Pologne à l’Est, ce qui suscite des protestations de la part de l’URSS. Le 9 octobre, un groupe d’experts allemands se rend à Varsovie pour conduire des entretiens visant à mettre fin à la guerre commerciale entre l’Allemagne et la Pologne. Le 14 octobre Hitler annonce la sortie de l’Allemagne de la Société des Nations et de la Conférence de Genève sur le désarmement. Pour contrebalancer cette accentuation de l’isolement internationale de l’Allemagne, celle-ci poursuit les pas vers une amélioration des relations avec la Pologne. Le 26 janvier 1934 les deux pays adoptent une déclaration commune de non-agression mutuelle. Le 28 avril 1939, Hitler dénonce cette déclaration. Il exige la réintégration de Dantzig à l’Allemagne; s’en suivra le 1er septembre 1939 l’invasion de la Pologne.
[12]. Araki Sadao.
Le général Araki Sadao est ministre de l’Armée du Japon, de 1931 à 1934. Il est l’un des principaux représentants d’une faction de militaires, désignée comme Kōdōha, (la Voie Impériale). Elle préconise une dictature militaire sous l’égide de l’empereur. L’objectif affiché était la création d’une union économique et militaire regroupant le Japon, la Corée, la Mandchourie et la Chine. Kōdōha entraine l’armée du Kwantung (Kantōgun) dans une conquête de la Mandchourie, sous prétexte d’un sabotage sur la voie ferrée du Sud-Mandchourien, près de Moukden (aujourd’hui Shenyang) le 18 septembre 1931. Les troupes japonaises chassent les autorités chinoises, et en février 1932 le Japon établit l’État vassal du Mandchoukouo, à la tête duquel il place l’ex‑empereur de Chine, Puyi. Le 26 février 1936, la faction Kōdōha s’efforce de provoquer un coup d’état militaire, mais elle échoue dans son entreprise.
Au début de l’ère chrétienne, des nomades d’origine turco-mongole s’établissent en Mandchourie et se sédentarisent. Au début du 13e siècle, les Mongols prennent le pouvoir à Pékin, après s’être approprié la Mandchourie. En 1644, la dynastie mandchoue s’établit sur le trône de Chine à la faveur d’un conflit dynastique et y demeurera jusqu’en 1911 (dynastie des Qing). Il s’ensuit une union prolongée de la Mandchourie avec la Chine. Le pays est l’objet de plusieurs accords entre la Russie et la Chine. La Russie obtient, en 1896, le droit d’établir une voie ferrée à travers la Mandchourie, avec contrôle administratif, pour relier directement Vladivostok au Transsibérien, et, en 1897, la concession du territoire de Port-Arthur (aujourd’hui Lüshun) et Dairen (aujourd’hui Dalian). En 1905, la victoire du Japon dans la guerre russo-japonaise permet à celui-ci de prendre pratiquement la place de la Russie. La Mandchourie est partagée en fait entre les deux zones d’influence, russe et japonaise. L’armée japonaise maintient des troupes dans le nord‑est de la Chine pour assurer la protection de la ligne ferroviaire entre Changchun et Lushun. Ces unités sont réorganisées en 1919 et donnent naissance à l’armée du Kwantung (Kantô-gun) connue pour son rôle dans l’expansion militaire du Japon durant les années précédant la guerre sino-japonaise. En 1924, l’URSS renonce officiellement à ses intérêts en Mandchourie, laissant au Japon le champ libre. Celui-ci établit un protectorat. À l’immigration chinoise, très importante à dater de 1776, et devenue une colonisation systématique à partir de 1920 dans le Sud, succède une immigration non négligeable de Japonais et de Coréens.
[13]. Le 17 mai 1933 l’Assemblée nationale (Reichstag) se réunit pour une session au cours de laquelle Adolf Hitler présente une déclaration gouvernementale.
Le contenu de cette déclaration est marqué par la méthode de démagogie cynique, pratiquée constamment par Hitler. Il prétend rejeter l’application de violence, mais laisse entendre clairement, dans quelles conditions un accord pacifique est possible: à savoir la réalisation de ses objectifs, lesquels il imposera le cas échéant aussi par la violence et la guerre. Voici des extraits.
[https://deutschlandinnot.wordpress.com/2015/05/17/adolf-hitlers-erste-ausenpolitische-rede-als-reichskanzler-am-17-mai-1933-friedensrede/]
[…] Car tous les problèmes qui aujourd’hui causent des troubles, résident dans les insuffisances du traité de paix, qui n’a pas pu résoudre une fois pour toutes, de manière souveraine, claire et raisonnable, les questions les plus importantes et décisives de l’époque d’alors. […] À travers bon nombre de siècles les états européens et le tracé de leurs frontières ont résulté de conceptions qui se situaient dans un esprit exclusivement étatique. Avec la percée victorieuse de l’idée nationale et du principe des nationalités au cours du siècle passé, ont été jeté, suite à l’absence de prise en considération de ces idées et idéaux nouveaux par les états nés de conditions différentes, les bases de nombreux conflits. Il ne pouvait pas y avoir après la fin de la grande guerre, de tâches plus élevées pour une véritable conférence de paix, que de procéder, à partir d’une compréhension claire de ce fait, à une restructuration et un reorganisation des états européens, qui satisfasse ce principe dans la mesure du possible. Plus les limites entre les peuples coïncident, de par ce règlement, avec les frontières d’états, plus devaient par là être abolis toute une série de possibilités de conflits. […] La situation économique actuelle de l’Europe est caractérisée par la surpopulation de l’Ouest européen et par la pauvreté du sol de ces territoires en certaines matières premières, qui précisément dans ces territoires de culture ancienne sont indispensables pour le standard de vie qu’y est habituel. […] Au lieu de prêcher l’idée de la destruction, on aurait dû procéder à une réorganisation des relations internationales politiques et économiques, qui satisfasse dans la mesure du possible les nécessités existentielles des différents peuples. […]
Or, que les problèmes présents aujourd’hui trouvent une solution raisonnable et définitive, est dans l’intérêt de tous. Aucune nouvelle guerre européenne ne serait en mesure de poser quelque chose de meilleur à la place de la situation non satisfaisante d’aujourd’hui. Au contraire, ni politiquement ni économiquement l’application d’une quelconque violence en Europe pourrait engendrer une situation plus avantageuse que celle existant aujourd’hui. […] De nouvelles guerres, une nouvelle insécurité et une nouvelle détresse économique en seraient la conséquence. Or l’éruption d’une telle folie sans fin devrait conduire à l’écroulement de l’ordre actuel de la société et de l’état. Une Europe sombrant dans le chaos communiste provoquerait une crise de dimensions imprévisibles et de durée incalculable. C’est le souhait profondément sérieux du gouvernement national du Reich allemand, d’empêcher un tel développement non pacifique par sa collaboration sincère et active. Cela est aussi le sens intrinsèque du bouleversement réalisé en Allemagne. Les trois points de vue qui président à notre révolution, ne contredisent en aucune manière les intérêts du reste du monde.
Premièrement: empêchement de la révolution communiste qui menace et édification d’un état populaire unifiant les différents intérêts des classes et couches, et préservation de la notion de propriété comme fondement de notre culture.
Deuxièmement: solution du problème social le plus pesant, en ramenant à la production l’armée millionnaire de nos sans-emploi qui sont tant à plaindre.
Troisièmement: Rétablissement d’une conduite stable et autoritaire de l’état, portée par la confiance et la volonté de la nation, qui place ce grand peuple enfin à nouveau, vis‑à‑vis du monde, en position de conclure des accords.
Concernant la session de l’Assemblée nationale, le comité directeur en exil du SPD se prononce contre une participation des députés du SPD. Le groupe parlementaire examine la question durant une session à laquelle participent 65 des 120 députés élus le 5 mars. Il est décidé par 48 voix contre 17, de participer à la session de l’Assemblée nationale et de présenter une déclaration au nom du groupe SPD. Cependant à l’Assemblée nationale, les 48 députés présents votent finalement pour la déclaration gouvernemental sans prendre position par une déclaration.
[http://histmove.ouvaton.org/pag/chr/pag_009/fr/chro_1933_05_1939_12.htm]
[14]. Fédération syndicale internationale (Internationale syndicale d’Amsterdam).
En 1901 se tient à Copenhague une réunion entre représentants des centrales syndicales de Norvège, Suède, Finlande, Danemark, Allemagne, France et Belgique. Une autre rencontre suit en 1903, et est constitué un secrétariat international avec Carl Legien comme secrétaire. En 1913 est adoptée la désignation Fédération syndicale internationale. La Première guerre mondiale introduit le clivage correspondant aux alliances belligérantes. En 1919 la FSI est reconstituée. Une première réunion se tient en février 1919 à Bern, en juillet-aout le siège est établi à Amsterdam. La FSI est reconnue par l’Organisation internationale du travail, nouvellement créée. L’admission à la FSI des syndicats de l’Union soviétique est refusée. L’AFL américaine adhère finalement en 1937.
[15]. En aout 1932, se tient à Amsterdam un congrès aboutissant à la constitution d’un “Comité mondial contre la guerre impérialiste”. Les délégués viennent de 30 pays et comprennent des sans-parti, des socialistes et des communistes. Puis, dans le prolongement de cette initiative, en juin 1933 se tient à Paris à la salle Pleyel un second congrès “ouvrier européen antifasciste”.
[17]. Josef Guttmann.
Guttmann participe à la fondation du KPČ en 1921. Lors de la session plénière du Comité central du KPČ les 1‑2 novembre 1928 il est coopté au Bureau politique du CC. Lors de la session plénière du CC du 21 avril 1929, il est admis comme candidat ay Bureau politique. Lors de la session du Bureau politique du 31 décembre 1933, il est relevé de sa fonction de rédacteur en chef du Rudé právo et exclu du KPČ.
[18]. Hermann Remmele.
En 1897 Remmele adhère au SPD et aux syndicats dans le cadre de la Generalkommission (Commission générale) constituée en 1890. En 1917 il participe au congrès de fondation de l’USPD, en 1920 il est élu au Reichstag dont il reste membre jusqu’en 1933. À la fin de 1920 il vient au KPD dans le cadre de la fusion du KPD avec l’aile gauche de l’USPD; au congrès d’unification en décembre 1920 il est élu à la Centrale du KPD. En 1923 il participe à la préparation de l’insurrection organisée par le KPD, il est recherché par la police. À la fin de 1923 il se sépare du groupe autour de Heinrich Brandler et devient en tant que représentant du “groupe du centre” (“Mittelgruppe”) président du KPD. Au 9e congrès en avril 1924 le “groupe du centre” est en minorité, mais Remmele est néanmoins élu à la Centrale et au Bureau politique. Il garde ces fonctions jusqu’en 1933. À partir d’automne 1925 il est membre du présidium du comité exécutif de l’Internationale communiste. En 1930 il est désigné comme dirigeant de la Ligue de combat contre le fascisme (Kampfbund gegen den Faschismus) nouvellement créée comme successeur légal à la Ligue rouge de combattants du front (RFB) interdit. Le 25 mai 1931 il est condamne pour "préparation de haute trahison" à deux ans et neuf mois de prison mais reste en liberté en tant que membre du Reichstag. En 1932 Remmele et Heinz Neumann adoptent une position critique vis-à-vis d’Ernst Thälmann; Remmele est exclu du secrétariat politique en octobre 1932, en novembre 1933 également du Bureau politique. À partir d’aout 1932 il est installé à Moscou comme collaborateur de la section d’agitation et propagande de l’IC. Le 15 mai 1937 il est arrêté, le 7 mars 1939 il est accusé de participation à une organisation terroriste contrerévolutionnaire et condamné à mort.
[19]. Heinz Neumann.
En 1920 Neumann adhère au KPD. En 1922 il est condamné à six mois de prison pour activité illégale. Initialement il fait partie de l’opposition autour de Ruth Fischer. Il est délégué au 8e Congrès du KPD en janvier 1923. En avril 1923, ensemble avec Arthur Ewert, Gerhart Eisler et Hans Pfeiffer, il se sépare du “groupe Fischer-Maslow” et adopte une position dite de “conciliation” (“Vermittler”). En 1923 il est à nouveau inculpé, il poursuit son activité dans l’illégalité, se rend d’abord à Vienne, puis il émigre à Moscou. Au 11e Congrès du KPD en 1927 il est élu comme candidat au Comité central. En 1928, aux côtés d’Ernst Thälmann et Hermann Remmele il fait partie du Secrétariat politique. Il est nommé à la fonction de rédacteur en chef de la Rote Fahne. Au 12e Congrès du KPD en 1929 il est élu au Comité central et comme candidat au Bureau politique. En avril 1932 il est démis de ses fonctions, et cette mesure est confirmée à la 3e Conférence du KPD en octobre. Il se rend à Moscou et est envoyé auprès de la délégation de l’IC en Espagne. En novembre 1933 il est accusé d’activité fractionnelle. De l’Espagne il est expulsé vers la Suisse, les national-socialistes demandent son extradition vers l’Allemagne, en 1935 il s’installe à Moscou. En 1937 il y est arrêté, condamné à mort et exécuté.