J. B.

"Le régime britannique de terreur en Palestine" [1]

(1931)

L’impérialisme britannique vient de nommer un nouveau haut-commissaire, en Palestine en la personne d’un général qui doit veiller avent tout à l’exécution des différents projets stratégiques (ligne de chemin de fer Haïfa-Bagdad, nouvelles lignes aériennes, etc.) et à l’écrasement du mouvement révolutionnaire par tous les moyens dont dispose une dictature militaire. Le général a renforcé son appareil policier et augmenté le nombre de ses agents. Il aggrave et poursuites contre les militants nationaux-révolutionnaires et serre la vis des impôts pour soutirer le maximum possible aux masses paysannes.

Dans ce régime de terreur, l’impérialisme britannique est secondé par les provocations sionistes qui augmentent au possible la révolte et le désespoir des masses arabes. Ces provocations ont pris un essor nouveau depuis le début de la saison des oranges. Le reflux de l’argent des caisses sionistes, qui rend difficile la continuation de la colonisation des immigrés juifs sur la terre volée aux paysans arabes, oblige les capitalistes sionistes (appuyés par les chefs social-impérialistes de la Histadruth) à mener avec encore plus de violence leur lutte pour chasser les arabes et notamment les ouvriers arabes.

Les provocations sionistes contre les paysans arabes vont si loin qu’elles s’opposent même à l’enregistrement des paysans arabes dépourvus du terre. Les sionistes craignent que les effets désastreux de leur politique à l’égard des masses paysannes deviennent publics. Aussi, ne se contentent-ils plus de l’armement par l’impérialisme britannique des colonies juives lancées contre les petits paysans arabes. La presse sioniste demande maintenant (et elle est en cela appuyée par les chefs du Parti travailliste britannique) l’armement de chaque juif afin que chaque sioniste ait la possibilité de tirer sans trop de formalité sur les "brigands arabes".

La force militaire britannique et les colons sionistes armés étant à même d’écraser tout soulèvement populaire comme celui qui s’est produit le 23 août denier à Nablus, le désespoir pousse les fellahs et les bédouins à gagner les champs et à s’organiser dans des bandes de partisans. Des attaques à main armée, que la Palestine n’avait connues même du temps des Turcs, ont maintenant lieu fréquemment. Plus de 24 attaques de ce genre ont été enregistrées au cours des deux deniers mois. Et ce mouvement ayant un caractère spontané et se renforçant chaque jour, les expéditions militaires ou de police n’y peuvent rien.

Le mécontentement croissant des masses ne se manifeste pas seulement à la campagne, mais aussi parmi les ouvriers des villes. Les sympathies pour les communistes augmentant aussi bien parmi les ouvriers arabes que parmi les ouvriers juifs qui ont quitté le camp sioniste. Un groupe d’ouvriers juifs a même demandé au gouvernement soviétique la permission de former une colonie dans le Birobidjan. Chaque jour, les sympathies pour l’Union soviétique s’accroissent parmi les ouvriers juifs et arabes.

L’impérialisme britannique essaie de s’opposer à ces sympathies pour le communisme et l’Union soviétique en aggravant le régime de terreur. D’après le rapport officiel du gouvernement de Palestine, 44 personnes, dont 17 communistes et ouvriers révolutionnaires, ont été déportés au cours d’une seule année. La justice de classe de l’impérialisme distribue chaque jour des nouvelles peines de prison ou de travail forcé. Un détachement armé a affreusement torturé les détenus communistes juifs et arabes qui, le 7 novembre, avaient chanté des chants révolutionnaires dans la prison de Jérusalem. Douze camarades ont dû être hospitalisés à la suite des tortures qu’ils subirent. […]

 



[1]Correspondance internationale, 110, 1931. Extraits.

Reproduit ici d’après : Bulletin international, n° 55‑58, juillet-octobre 1982; édité par le CEMOPI (Centre d’étude sur le mouvement ouvrier et paysan international), France.