Secrétariat politique du Comité exécutif
de l’Internationale communiste
Résolution sur le mouvement insurrectionnel en Arabistan [1]
(16 octobre 1929)
Le soulèvement des masses arabes en Palestine et les événements de l’Arabie en général confirment entièrement la justesse de l’analyse donnée par le VIe Congrès de l’IC et la Xe Session plénière du CE de I’IC sur l’aggravation de la lutte entre l’impérialisme et les masses laborieuses des pays coloniaux, sur le nouvel essor du mouvement d’émancipation nationale dans les pays coloniaux et semi-coloniaux, sur le gouvernement "ouvrier", sur le processus de transformation de la IIe Internationale en organisation internationale social-fasciste, ouvertement social-impérialiste.
Le morcellement des Arabes du point de vue national, le morcellement des pays arabes en plusieurs petits pays, le partage de ces pays entre les différents pays impérialistes, l’absence de tout droit politique des masses fondamentales de la population, la colonisation sioniste effectuée par des moyens de violence, l’accentuation de la pression exercée par l’impérialisme anglais et français sur les pays arabes, ‑ tel est le premier groupe de causes qui ont provoqué le mouvement d’insurrection.
Le pillage des terres des fellahs arabes au profit de la colonisation sioniste (souvent avec l’aide des féodaux arabes) et aussi au profit des féodaux arabes et des capitalistes étrangers, la fixation des latifundis en qualité de propriétés des féodaux arabes et du Vakouf, la destruction et la désorganisation rapide des communes rurales de fellahs, le renforcement de l’exploitation par l’affermage, les impôts croissant et l’usure, le développement relativement rapide des rapports échangistes et monétaires, la transformation de l’économie paysanne semi-naturelle en économie monétaire, la création de grandes exploitations agricoles et de plantations sur les terres affermées par les paysans, la main-mise sur les pâturages des bédouins, éleveurs nomades, qui se trouvent rejetés sur les plus mauvaises terres, leur fixation rapide à l’agriculture sédentaire, leur dépouillement du rôle qu’ils exerçaient dans le transport et dans la surveillance des voies commerciales, la différenciation sociale relativement rapide des tribus bédouines : tel est l’aune groupe de causes des événements de Palestine.
Le chômage grandissant, la situation des masses ouvrières arabes et aussi juives s’aggravent de plus en plus, la mauvaise récolte de 1928, l’effervescence dans les pays arabes, la dissolution du Parlement en Syrie, la crise gouvernementale en Irak, l’effervescence en Transjordanie, à la suite du traité humiliant avec l’Angleterre, l’effervescence et l’insurrection sur les territoires d’Ibn Séoud, l’utilisation de ce dernier par l’impérialisme anglais, les manifestations et les grèves en Palestine et en Syrie, le nouveau traité anglo-égyptien, la nécessité du point de vue de l’impérialisme britannique de renforcer ses positions sur les approches du canal de Suez au Nord, la nouvelle offensive du sionisme, dont la banqueroute morale est accomplie, qui a rejeté son masque socialiste et agit ouvertement comme une agence du capital (résolution du congrès sioniste de Zurich, en juillet 1929) ont accéléré la maturité de la crise révolutionnaire.
Le caractère du mouvement
Les traits caractéristiques du mouvement sont les suivants :
1 ‑ L’insurrection en Palestine coïncide avec l’effervescence révolutionnaire dans les centres industriels les plus importants de l’Inde, avec la crise de la contre-révolution en Chine, avec le relèvement du mouvement ouvrier en Occident et marque le début de la montée d’une vague révolutionnaire émancipatrice dans les pays arabes.
2 ‑ Le caractère panarabe du mouvement qui a très rapidement déferlé dans les autres pays arabes (les mouvements en Transjordanie, en Syrie, les manifestations à Damas, l’effervescence à Nedj, le renforcement du mouvement national en Irak, la sympathie que ces mouvements rencontrent en Égypte, le mouvement des Musulmans aux Indes).
3 ‑ L’allure rapide de la transformation du mouvement. Si dans les premières journées, le clergé et les féodaux, groupés dans le Medjilis Islam, ont réussi à orienter le mouvement dans le sens de la lutte nationale entre les Arabes et les Juifs, nous constatons que plus tard les masses ont commencé à se dresser spontanément contre le haut clergé, contre les Medjilis Islam et les représentants du Comité exécutif arabe, en les clouant au pilori pour leur trahison et pour leur capitulation devant l’impérialisme. La provocation anglo-sioniste, organisée avec l’aide des féodaux et du clergé arabe au Mur des Lamentations, le conflit national entre les classes dominantes juives et arabes, se transforment en une attaque contre la police et l’armée anglaise, contre les casernes anglaises, en une bataille entre les paysans et les troupes anglaises. À Nablous est hissé le drapeau national arabe. Le conflit entre les sionistes et les Arabes se transforme rapidement en un mouvement national-paysan auquel participent également la petite bourgeoisie nationaliste des villes, les fellahs et les bédouins. Ces derniers participent très activement au mouvement de soulèvement.
4 ‑ La classe ouvrière reste en partie passive, en tout cas elle ne s’est pas comme une force indépendante et n’a pas tenté de prendre l’hégémonie du mouvement. Une partie des ouvriers juifs et arabes sont tombés sous l’influence de "leur" bourgeoisie et ont pris part au conflit national religieux sous l’hégémonie et la conduite de "leur" bourgeoisie. Néanmoins, il y eut des cas isolés où les ouvriers arabes, de même que les ouvriers juifs, ont fait preuve de solidarité prolétarienne héroïque. Ainsi, le mouvement d’insurrection, bien qu’il ait éclaté à la suite d’une provocation anglo-sioniste à laquelle les réactionnaires arabes (les féodaux et le clergé) ont tenté de répondre par un pogrome, bien que dans la phase initiative de ce mouvement se trouva sous la direction réactionnaire, fut un mouvement d’émancipation nationale, un mouvement anti-impérialiste, panarabe et par sa composition sociale, un mouvement essentiellement paysan.
5 ‑ Le mouvement a eu lieu au moment où en Angleterre le gouvernement "ouvrier" de Macdonald est au pouvoir. Le gouvernement "ouvrier", avec l’appui entier de l’Independent Labour Party joue ouvertement le rôle de bourreau de la révolution coloniale.
6 ‑ Le mouvement a révélé une aggravation des contradictions entre l’impérialisme britannique et l’impérialisme français dans leur lutte pour l’influence sur le Proche-Orient.
Le caractère et les forces motrices de la révolution dans les pays arabes
La position de l’Internationale communiste à l’égard du caractère et des forces motrices de la révolution en Palestine et dans les pays arabes en général a été vérifiée et confirmée par l’expérience du dernier mouvement révolutionnaire de masses en Palestine. Le principal contenu social-économique de la révolution est le renversement de l’impérialisme, l’unification nationale de tous les pays arabes, la révolution agraire et la solution de la question nationale. Cela détermine le caractère de la révolution, en tant que révolution bourgeoise-démocratique dans le sens léniniste de ce terme. La classe ouvrière et la paysannerie constituent les principales forces motrices de la révolution. La révolution bourgeoise-démocratique ne peut être réalisée complètement que par une lutte révolutionnaire contre la bourgeoisie. Il est certain que cette révolution bourgeoise-démocratique évoluera vers une révolution socialiste. Mais la thèse du caractère prolétarien de la révolution dans les conditions de la Palestine, thèse que certains camarades proclament déjà, ne correspond nullement à la réalité historique, ne reflète que le point de vue trotskyste sur la révolution permanente, et, dans les conditions concrètes de la Palestine, elle signifierait surtout la dictature d’une poignée d’ouvriers juifs sur la masse fondamentale de la population arabe.
Le rôle des différentes classes dans le mouvement
La bourgeoisie colonisatrice sioniste et ses laquais ont joué le rôle d’agents directs de l’impérialisme britannique. Le groupe de Yabotinski (les "révisionnistes") a joué le rôle de provocateur dans la collision près du Mur des Lamentations. Les intérêts fondamentaux du fascisme sioniste coïncidant avec les intérêts du capitalisme anglais, les sionistes ont agi de concert et en plein accord avec les autorités anglaises. L’aile "gauche" du sionisme, le "Paoley Sion" s’est alliée aux fascistes juifs et s’est jointe entièrement à l’impérialisme britannique et à la bourgeoisie sioniste.
Les agrariens, les féodaux et le haut clergé arabes, unis dans le Medjilis Islam et qui avaient capitulé depuis longtemps devant l’impérialisme britannique, ont joué le rôle de traîtres, de provocateurs et contre-révolutionnaires.
Le congrès national pan-arabe qui, au cours de ces dernières années a manifesté de la façon la plus évidente son caractère national-réformiste (pourparlers avec l’impérialisme anglais, revendication de la "Constitution" dans le cadre de l’Empire britannique) n’a pas joué un rôle indépendant dans le mouvement. L’aile droite de ce congrès a adhéré au camp réactionnaire des féodaux et du clergé.
Les fellahs et surtout les bédouins ont été la principale force motrice du mouvement. Mais le mouvement paysan s’est produit sans qu’un mouvement organisé et indépendant de la classe ouvrière dans les villes se produise en même temps. Le mouvement paysan fut inorganisé et morcelé.
Les progrès et les défauts du parti
L’insurrection a nettement révélé les bons côtés et les faiblesses du parti.
1. Le parti a été pris à l’improviste par l’insurrection, ce qui s’explique par le fait que ce sont les Juifs qui y prédominent, il n’a pas de liaison avec les masses arabes en général et n’a aucun lien avec les paysans en particulier.
Les leçons de l’insurrection ont montré avec évidence toute la justesse des indications maintes fois réitérées de l’IC, en ce qui concerne la nécessité de l’arabisation du parti. Les défauts et les erreurs du PCP qui se sont révélés pendant l’insurrection sont le résultat de ce que le parti ne s’est pas orienté en temps opportun avec énergie et décision vers l’arabisation du parti de la base au sommet. Dans le passé, le parti avait réparti ses forces et ses moyens d’une façon erronée, en orientant son travail en premier lieu parmi les ouvriers juifs et sans réserver le maximum de ses forces et de ses moyens au travail parmi les masses ouvrières et paysannes arabes. L’arabisation de la direction fut comprise comme consistant à faire participer mécaniquement certains camarades arabes au CC. Le parti n’a pas réussi à créer de solides organisations arabes du parti et des organisations syndicales territoriales arabes. En ce qui concerne la question du travail parmi les fellahs et les bédouins, un pessimisme régnait au sein du parti. Le pessimisme et le manque de foi dans les résultats du travail au sein des masses arabes aboutirent à ce que certains camarades tombèrent dans le sectarisme passif, sous-estimèrent les possibilités révolutionnaires en Arabie, surestimèrent l’influence réactionnaire sur les masses arabes et firent preuve de routine et de manque de souplesse dans la tactique à l’égard du réformisme arabe et aussi à l’égard du groupe nationaliste de Hamdi el Hussein. Les membres juifs du parti et du CC ne se rendaient pas toujours compte que leur rôle à l’égard des ouvriers arabes et du mouvement communiste au sein des ouvriers arabes doit consister à être des "aides", et non pas des dirigeants, ce que Lénine indiqua aux bolchéviks russes qui travaillaient au sein des nationalités comprises dans l’URSS. Étant donné que le parti possède un faible cadre d’ouvriers arabes, il se trouva détaché du mouvement qui le prit à l’improviste, il ne put influer ni sur les masses principales des ouvriers dans les villes, ni sur les masses paysannes dans les campagnes. Sous ce rapport également, le parti doit tirer tous les enseignements qui découlent de l’insurrection.
2. Le parti, surtout dans les premiers jours du mouvement, se trouvant presque exclusivement sous l’influence des événements de Jérusalem et de quelques autres villes, n’a pas remarqué l’évolution du conflit national religieux vers un mouvement pan-national, anti-impérialiste et paysan. Le parti n’a pas soulevé en conséquence dans ses mots d’ordre les questions de la prise de possession du sol, de la création de comités révolutionnaires de fellahs et de bédouins, de la révolution agraire, de l’union nationale de tous les pays arabes en faisant de l’agitation en faveur de la fédération ouvrière et paysanne panarabe. Il n’a pas mis en relief le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan ce qui s’explique par les hésitations opportunistes de droite du parti sur cette question dans le passé.
Le parti n’a pas lancé les mots d’ordre de la création de centuries ouvrières arabo-juives, de l’armement des ouvriers, de l’organisation de manifestations communes des ouvriers arabes et juifs, ce qui était absolument nécessaire au moment de la lutte armée. On ne s’occupa d’une façon assez concrète de démasquer le rôle de bourreau du "gouvernement ouvrier" anglais. De même, la critique révolutionnaire des partis et des organisations arabes et juives et en particulier du Paoley Sion et de leur conduite pendant l’insurrection ne fut pas assez concrète.
Les tâches du parti
Le PCP et les sections de l’IC dans les autres pays arabes doivent tirer toutes les leçons de l’insurrection.
1. La principale tâche du parti, la plus importante, la plus urgente, est de s’orienter résolument et hardiment vers l’arabisation du parti, de la base au faîte. Simultanément, le parti doit faire des efforts pour créer des syndicats arabes et des syndicats arabo-juifs, pour gagner et étendre ceux qui existent déjà (le syndicat des cheminots de Haïffa). La principale tâche du parti est de pénétrer en plein dans les masses des ouvriers et des ouvriers agricoles arabes. Les forces du parti doivent être réparties en ce sens.
2. Le parti doit à tout prix vaincre dans ses rangs le pessimisme et la passivité dans la question agraire. L’arabisation du parti, l’action parmi les ouvriers agricoles et les ouvriers saisonniers arabes permettront au parti de se lier avec les masses fellahs et bédouines, de créer des comités paysans dans les villages et, profitant de l’incontestable différenciation des tribus bédouines, de trouver des points d’appui parmi les Bédouins. Le parti doit élaborer un programme agraire en tenant compte des revendications partielles des fellahs et des bédouins.
3. En même temps, le parti doit continuer son action parmi les ouvriers juifs organisés dans les syndicats sionistes réformistes et de même parmi les ouvriers non syndiqués. Une de ses tâches importantes est toujours celle de démasquer les sionistes et, en particulier, son aile gauche en qualité d’agence de l’impérialisme, par des exemples concrets du mouvement.
4. Le parti doit démasquer aussi le Medjilis Islam, groupant les féodaux et le clergé, en tant qu’agence de l’impérialisme britannique. Le parti doit démasquer avec non moins de décision le national-réformisme, en la personne du congrès panarabe. La tâche des communistes est de pénétrer parmi les masses arabes, d’étendre l’influence du parti, de lutter pour la direction du mouvement ouvrier et, en particulier, du mouvement syndical et paysan, de créer et de renforcer le parti communiste et non pas un parti national-révolutionnaire petit-bourgeois quelconque.
5. La campagne pour le boycottage actif de la commission chargée d’enquêter sur les événements, l’organisation de ce boycottage actif, une large campagne pour démasquer le régime de la terreur blanche, de la soldatesque et de la bureaucratie anglaise que dirige Macdonald, démasquer le vrai rôle du gouvernement "ouvrier" avec l’aide des autres sections de l’IC, voilà ce qui doit être, dans la période qui s’ouvre, au premier plan des préoccupations du parti.
6. Conformément à ces tâches, le parti doit reconstruire toute son organisation, depuis le comité central jusqu’aux cellules. La désignation de camarades pour travailler parmi les ouvriers arabes, parmi les fellahs et les bédouins, la création de cadres pour l’action syndicale parmi les ouvriers d’industrie et les ouvriers agricoles, la désignation de camarades pour organiser des centuries ouvrières arabo-juives, voilà les premiers pas dans ce domaine.
7. Les Jeunesses communistes de Palestine, maintenant, ne sont au fond qu’un petit groupe de propagande, une section près les comités du parti, très faiblement liées avec les masses en général, avec les masses de la jeunesse travailleuse arabe en particulier. Le parti doit changer radicalement son attitude envers la fédération. Il doit la guider non pas d’une façon administrative, mais selon les principes bolchéviks qui gouvernent les rapports entre le parti communiste et les JC (représentation mutuelle, affectation de membres du parti au travail de la fédération, participation à la vie du parti). Le parti doit aider la fédération dans l’oeuvre si importante de son arabisation, dans l’organisation de cellules de fabriques, dans la création d’organisations auxiliaires de masses, dans l’organisation de la jeunesse ouvrière et paysanne autour d’une activité de masse vraiment révolutionnaire. Les Jeunesses communistes doivent se mettre en contact avec le mouvement des étudiants, aller hardiment dans les organisations d’étudiants, y créer des groupes et des fractions révolutionnaires, diriger la lutte contre les éléments réactionnaires et tenter de se rendre maîtres du mouvement de l’intérieur.
8. Les leçons de l’insurrection ont montré avec la plus grande clarté la nécessité d’une liaison étroite entre les partis communistes des divers pays arabes et de l’Égypte. La forme la plus opportune de cette liaison sera la création d’une fédération des partis communistes des pays arabes. La condition première à la création d’une telle fédération est l’arabisation du parti communiste de Palestine et du parti communiste de Syrie, le renforcement du parti en Palestine, en Syrie, en Égypte, etc. Il faut dès maintenant prendre des mesures urgentes pour l’arabisation du PC syrien et pour que les communistes de Syrie, triomphant des tendances liquidatrices et de l’opportunisme, agissent précisément comme un parti communiste indépendant.
9. Toutes ces tâches ne peuvent être réalisées qu’à la condition d’une lutte énergique et décidée contre la déviation de droite dans le parti, déviation qui se renforce, sans conteste, sous l’effet de la terreur blanche et sous l’impression de la défaite momentanée de l’insurrection. La sous-estimation des possibilités révolutionnaires, la résistance ouverte ou cachée à l’arabisation du parti, le pessimisme et la passivité envers le travail au sein des masses arabes, le fatalisme et la passivité sur la question paysanne, l’incompréhension du rôle des camarades juifs en qualité de collaborateurs et non pas de dirigeants du mouvement arabe, la surestimation de l’influence de la bourgeoisie réactionnaire, des agrariens et du clergé sur les masses arabes, l’attitude conciliatrice à l’égard des erreurs opportunistes, l’incompréhension de la nécessité d’une auto-critique énergique et décidée des erreurs commises par le parti, un état d’esprit enclin à émigrer sans autorisation du CC, c’est-à-dire à déserter, la résistance au mot d’ordre du gouvernement ouvrier-paysan ‑ telles sont les principales manifestations de droite au sein du PCP. Le fait d’avoir apprécié l’insurrection comme étant un "pogrome" et la résistance dissimulée à l’arabisation sont des manifestions de l’influence sioniste et impérialiste sur les communistes. Il est absolument nécessaire de surmonter de telles tendances, car c’est là une condition préalable au développement ultérieur du parti. Pour arriver à ce but, il est nécessaire que le parti entreprenne dans l’avenir le plus rapproché une campagne de recrutement pour attirer au parti les ouvriers, surtout les ouvriers arabes. En combattant de la façon la plus énergique le danger opportuniste de droite, l’état d’esprit des liquidateurs, le parti ne doit pas oublier dans son action pour l’internationalisme révolutionnaire la menace d’une exagération de gauche, consistant à ignorer le travail parmi les ouvriers juifs, à sous-estimer leur rôle historique dans la création d’un mouvement ouvrier de masse et d’une section territoriale de l’lC en Palestine, section qui soit apte à la lutte. En même temps, le Secrétariat politique condamne résolument l’appréciation radicalement erronée de la future révolution en Palestine comme révolution prolétarienne et la réclamation du mot d’ordre de la dictature prolétarienne à l’étape actuelle du développement, en considérant cette position comme une répercussion de l’influence du trotskysme, d’une part, et d’autre part, comme une répercussion de l’influence du "Paoley Sion" sur certains communistes.
*
Le mouvement d’insurrection dans les pays arabes a eu un grand retentissement à l’échelle internationale. Les partis de la IIe Internationale et nombre de pacifistes petits-bourgeois se sont prononcés pour l’impérialisme britannique et pour le sionisme contre-révolutionnaire. Les social-démocrates "de gauche" et, en premier lieu Maxton[2], se sont démasqués comme agents de l’impérialisme : les communistes et les organisations nationales-révolutionnaires sont intervenues en faveur de l’insurrection arabe.
En même temps, il faut noter qu’au début de l’insurrection, il y eut dans certains pays (section juive du PC des États-Unis) et dans certains organes de presse communiste (même de l’URSS) des hésitations et de la confusion dans l’appréciation du caractère du mouvement. Ces hésitations ont rapidement pris fin dans les sections de l’IC. On n’a pas manifesté assez d’activité pour démasquer le rôle de bourreau du ministère Macdonald. Les sections de la Ligue anti-impérialiste, à l’exception de la section anglaise, ne se sont pas mobilisées avec assez d’énergie et de décision.
Le Secrétariat politique de l’IC propose à ses sections ainsi qu’aux fractions communistes dans la Ligue anti-impérialiste, le Secours Rouge et les autres organisations de masses de mener une campagne inlassable en faveur du mouvement national arabe et contre le régime de terreur blanche en Palestine, contre la propagande de pogromes, faite par l’impérialisme britannique, la bourgeoisie sioniste et la IIe Internationale. Dans cette campagne, il faut principalement s’efforcer de démasquer le rôle de bourreau assumé par le gouvernement "ouvrier" du Labour Party et en particulier par son aile gauche.
[1]. Correspondance internationale, 11 et 12, octobre 1930.
Reproduit ici d’après : Bulletin international, n° 55‑58, juillet-octobre 1982; édité par le CEMOPI (Centre d’étude sur le mouvement ouvrier et paysan international), France.
[2]. James Maxton, dirigeant du Independent Labour Party.